A Boumhal (danlieue sud de Tunis), un charlatan se disant guérisseur exerce en toute légalité et exploite la détresse des gens.
Tous les jours, des centaines de citoyens se rassemblent devant le local de «Kamel le Marocain», à Boumhal, espérant ainsi être parmi les premiers reçus par le charlatan.
Ce dernier, âgé de 49 ans, est Tunisien d’origine marocaine. Il prétend guérir tous les maux, réels ou imaginaires: le cancer comme l’emprise des djinns. Guérisseur, exorciste, sorcier, devin… Il est tout cela à la fois. Il prétend aussi guérir avec la «rokia chariâ» (médecine charaïque), en recourant à la psalmodie du Coran.
Très connecté, «Kamel le Marocain», qui exerce depuis 2013, se fait connaître du public grâce à un tapage publicitaire sur les réseaux sociaux et le net en général, en postant des vidéos de témoignages de patients et, surtout, de patientes qu’il aurait guéries et aidées à sortir d’un malheur. Pour ces personnes accablées par la vie, il est le «sauveur après Dieu», comme elles disent.
Le charlatan a même été invité sur des plateaux télévision, en 2013 et 2014, pour raconter les miracles qu’il accomplit avec le Coran et… de l’eau bouillante. «J’utilise l’eau bénite et l’amour du prophète pour aider les autres», raconte-t-il à qui veuille bien le croire.
Plus que les rituels d’un autre âge que ce charlatan pratique (comme de cracher de l’eau bouillante au visage des patients pour les guérir), en abusant de la naïveté des gens et de leur détresse, ce qui choque dans l’histoire de «Kamel le Marocain», c’est qu’il soit autorisé à exercer en toute légalité (il dispose d’une carte professionnelle octroyée par le ministère de l’Intérieur) et souvent invité par des chaînes de télévision en quête d’audience facile.
Certains témoignages d’adeptes nous rappellent l’idolâtrie qu’ont les membres de sectes pour leur gourou… Et Kamel est un dangereux gourou.
Y. N.
Donnez votre avis