Anis Amri pris par la caméra de vidéosurveillance de la gare de Milan, le lundi 23 décembre 2016, à 00h58.
Anis Amri, le suspect numéro 1 de l’attentat de Berlin, est passé sous les radars de la police de 3 pays européens avant de finir sa cavale de 72 heures à Milan, en Italie.
Par Marwan Chahla
Le Tunisien, auteur présumé de l’attaque du marché de Noël de Berlin, en Allemagne, le 19 décembre 2016, qui a coûté la vie à 12 personnes et en a blessées une cinquantaine d’autres, a bel et bien transité par la France, avant de finir sa course folle en Italie.
Trois jours de cavale, 3 frontières traversées
C’est la vidéosurveillance qui a confirmé, hier, lundi 26 décembre 2016, c’est-à-dire près d’une semaine après la tuerie, la facilité avec laquelle l’auteur présumé de ce massacre a pu échapper aux contrôles des polices allemande, française et italienne. D’ailleurs, cette évasion de 3 jours aurait pu se prolonger encore – n’eût été un simple contrôle de routine de policiers italiens…
Des 3 jours de la cavale d’Anis Amri, les enquêteurs ne savent pratiquement rien: il n’y a aucune trace du Tunisien suspect jusqu’à la découverte de ces images de vidéosurveillance de la gare de Lyon-Part Dieu, sud-est de la France, enregistrées jeudi 21 décembre 2016 et le montrant sur le quai, bonnet sur la tête et avec un sac sur le dos.
C’est là, à Lyon, qu’il aurait acheté un billet pour Chambéry, commune à une centaine de kilomètres de la ville de Lyon, avant de rejoindre Turin, à plus de 200 kilomètres, et puis Milan, en Italie, à 140 kilomètres.
Ainsi, Anis Amri aurait couvert, pendant cette évasion, un total de plus 1700 kilomètres, alors qu’un mandat de recherche international a été lancé contre lui et que toutes les polices d’Europe étaient à ses trousses.
Si l’homme le plus recherché d’Europe a fait escale à Lyon, c’est que, logiquement, il s’est arrêté dans d’autres villes françaises, peut-être même à Paris. Et c’est pour vérifier cette hypothèse de son passage par la capitale française que des dizaines d’enquêteurs français passent au crible des centaines d’heures de bandes vidéo enregistrées dans des gares parisiennes et françaises.
C’est à un véritable marathon que sont soumises les forces de sécurité françaises, allemandes et italiennes pour déterminer avec précision le parcours du terroriste présumé.
Carte d’identité tunisienne du présumé terroriste.
L’étanchéité des frontières en question
Certains analystes disent qu’Anis Amri est à présent mort et, par conséquent, ne constitue plus aucun danger pour la sécurité européenne. D’autres observateurs, plus soucieux, attirent l’attention sur le fait que, à un moment ou un autre, cet homme pouvait être en contact avec des complices ou des commanditaires et qu’il pouvait donc représenter une menace sérieuse pour les citoyens des trois pays européens qu’il aurait traversés.
L’essentiel demeure que, en cette deuxième décennie du 21e siècle, le monde n’a pas fini d’en apprendre sur le terrorisme international. De la même manière que l’on a appris que le risque terroriste zéro n’existe pas, il conviendrait aussi de compléter cette vérité par une autre: rien ni personne ne pourrait garantir une étanchéité à 100% des frontières d’un Etat. Pas plus la Tunisie, souvent mise à l’index des pays européens, que la France, l’Italie ou l’Allemagne.
En d’autres termes, face au terrorisme, tout le monde gagnerait beaucoup à rester vigilant, à coopérer avec les autres et à demeurer humble… jusqu’au prochain attentat.
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