La nouvelle société Unionaire Tunisie, filiale du groupe égyptien Unionaire, se spécialisera dans la fabrication d’appareils électroménagers destinés au marché africain.
Avec une démographie galopante (500 millions d’habitants de plus d’ici 2020), l’Afrique est aujourd’hui l’un des marchés que les opérateurs économiques mondiaux cherchent à conquérir. Les regards des chefs d’entreprises tunisiens lorgnent également vers ce continent où la Chine, l’Inde, la Turquie, le Maroc et d’autres sont déjà positionnés.
La société Unionaire Tunisie, que vient de créer Groupe Loukil, veut être une rampe de lancement en direction de l’Afrique.
Le bonheur partagé
C’est ce qu’a indiqué, lors de la conférence de presse de lancement d’Unionaire Tunisie, jeudi 16 mars 2017, à l’hôtel El-Mouradi, à Gammarth, au nord de Tunis, le Pdg du Groupe Loukil, Bassem Loukil, également président de Tunisia-Africa Business Concil (TABC), qui était entouré de son frère Walid, directeur général adjoint du Groupe, et de ses collaborateurs.
Bassem Loukil s’est dit heureux de s’associer avec l’Egyptien Mohamed Fathy, Pdg d’Unionaire Group, n° 1 au Moyen Orient dans la fabrication d’électroménagers (climatiseurs, machines à laver, téléviseurs, chauffe-eau, cuisinières, fer à repasser, ventilateurs… et de créer une filiale de cette enseigne en Tunisie.
Il s’agit d’une unité industrielle de logistique, de fabrication et de montage d’appareils électroménagers, qui sera ouverte très bientôt dans le gouvernorat de Sousse et qui ciblera l’Afrique du nord et de l’ouest.
«Cette unité s’étendra sur 45.000 m2 dans la zone industrielle de Bouficha, à proximité de l’aéroport international d’Enfidha. Les plans des bâtiments sont déjà prêts et les travaux s’achèveront dans 9 mois», a annoncé M. Loukil, ajoutant que la nouvelle entité emploiera 200 employés, nombre qui sera quadruplé en 3 ans. «Tous les employés seront Tunisiens et la production 100% tunisienne. On prévoit, au démarrage, une capacité de production de 100.000 pièces, toutes références confondues, pour atteindre 500.000, au bout de 5 ans. Les revenus des ventes annuelles atteindront, à partir de 2018, 50 millions de dinars», a ajouté M. Loukil.
Le savoir-faire tunisien
Cette unité industrielle sera, dès son démarrage, une plateforme orientée vers l’Afrique et, notamment, la Libye, «pays voisin auquel on souhaite un retour rapide à la stabilité et qui sera intéressé par les produits Unionaire Tunisie, qui assurera, bien sûr, le service d’après-vente sur place et respectera l’environnement selon les normes internationales», a encore assuré M. Loukil.
Mohamed Fathy, qui était accompagné de sa fille Khouloud et de son collaborateur Abderrahmane Nagati, a, quant à lui, expliqué les raisons qui l’ont encouragé à mettre la main dans la main avec des Tunisiens. «Le savoir-faire du Groupe Loukil en matière d’accès aux marchés limitrophes et canaux de distribution technique, marketing, commercial, transfert technologique, ainsi que la disponibilité de main-d’œuvre et des ressources locales d’investissement, nous a encouragés à nous lancer en Tunisie, dont les compétences sont très reconnues», a-t-il déclaré.
Un poids lourd de l’électroménager
Rappelons que la marque américaine Unionaire, créée en 1975, a été totalement cédée en 1995 à Mohamed Fathy. Elle compte aujourd’hui 17 usines (12 en Egypte et 5 en zone Mena et au Canada) et emploie plus de 6.000 personnes. «Nous exportons vers plus de 50 pays, soit directement ou avec des intermédiaires. Nous sommes leader au Moyen Orient. Les télévisions Unionaire sont les plus vendus, aujourd’hui , en Arabie saoudite. Nous sommes présents aux Emirats, en Allemagne, en France, en Australie et au Canada», s’enorgueillit M. Fathy, qui rappelle que la marque bénéficie d’une liasse de certificats pour son respect des normes internationales et qui, avec une capacité de fabrication de 6 produits finis par minute, pèse 50 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel.
«Aujourd’hui, les Chinois sont bien présents en Afrique, même s’ils sont un peu en perte de vitesse à cause de la qualité parfois déficiente de leurs produits. Les Coréens investissent eux aussi tous les marchés, y compris africain, et s’imposent, pour leur part, par la qualité. Nous autres, qui appartenons à cette région, sommes quasi absents de l’Afrique et rechignons encore à y aller. Il est temps de mettre la main dans la main avec nos voisins égyptiens et d’avancer ensemble», a renchéri M. Loukil.
Il y a encore de la place
Abondant dans le même sens, Nabil Habachi, ambassadeur d’Egypte en Tunisie, a déclaré que les 2 pays, qui grouillent de compétences «doivent se mettre dans le même rang pour émerger ensemble dans tous les secteurs et surtout celui de l’industrie».
Selon lui, l’association avec Unionaire Group est une aubaine pour avoir plus de marchés en Afrique où la demande est forte, les populations sont en train de s’urbaniser au fil des ans et les opportunités d’affaires se multiplient.
C’est ce qu’a d’ailleurs expliqué, il y a une semaine à Tunis, l’expert international Thierry Apoteker, président de Taceconomics, qui a déclaré que «dans les 10 prochaines années, 125 millions de personnes vont investir les villes en Afrique et que des opportunités énormes vont s’y créer».
Grâce à cette association entre deux groupes de renommée, la Tunisie et l’Egypte tentent de saisir ces opportunités pour ne pas rater le train, déjà en marche.
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