Après des atermoiements et des hésitations, les leaders du Front de salut national (FSN) ont fixé l’annonce officielle de la création de leur rassemblement le 2 avril 2017.
Par Salah El-Gharbi
Dans quelques jours, donc, les Tunisiens vont enfin prendre connaissance de ce projet politique qui se propose d’apporter des solutions à la crise que traverse notre pays et qui se présente comme une alternative à l’alliance contre-nature Nidaa Tounes-Ennahdha.
Le FSN tente de brasser large: Sadok Chaabane, Faïza Kefi, Mohamed Fadhel Mahfoudh et les autres.
Construire sur les ruines de Nidaa Tounes
Réunissant essentiellement les déçus du «Pacte de Carthage», autour de Mohsen Marzouk, le président du Machrou, qui ne semble pas avoir digéré la désignation de Youssef Chahed à la tête du gouvernement d’union nationale, et Slim Riahi, président de l’Union patriotique libre (UPL), le premier à avoir soutenu activement l’initiative du chef de l’Etat, croyant vraisemblablement pouvoir en tirer un meilleur profit, ce Front serait constitué, explique-t-on, afin de «rétablir l’équilibre sur la scène politique nationale et coordonner les actions des quelques formations qui le composent». Il ne «s’agit pas d’unifier les positions, ni d’intégrer les différentes composantes en une seule formation», précisait prudemment Mohsen Marzouk, lors d’une réunion avec les membres de son parti, à Médenine, le 20 janvier 2017.
Outre le tandem Marzouk-Riahi, ce projet réunit, le groupe dissident de Nidaa à la tête duquel se trouve Ridha Belhaj, l’ancien directeur exécutif de ce parti en cours de décomposition, mais aussi le Parti socialiste de gauche (PSG) de Mohamed Kilani et quelques petites formations embryonnaires tel le parti Thaouabet, sans oublier les personnalités «destouriennes» que le leader de Machrou courtise depuis des mois et qui seraient tentées de rejoindre le mouvement.
En fait, cette annonce serait dictée par les difficultés que connaît le gouvernement et dont cette coalition croit pouvoir tirer profit, mais aussi par l’approche des élections municipales qui seraient organisées fin 2017 ou début 2018, la date précise n’ayant pas encore été fixée. Les promoteurs de cette initiative politique comptent sur cette échéance électorale pour unir leurs forces et chercher à mieux s’implanter dans les différentes régions du pays, tout en pensant aux élections présidentielles et législatives de 2019.
Abderrahim-Zouari à la conférence sur la réconciliation nationale organisée par le parti Machrou.
Quel avenir pour le Front national du salut?
A première vue, cette «coalition» paraît hétéroclite, dépourvue d’une véritable ossature idéologique, réunissant des marxistes, comme Mohamed Kilani, et l’ultra libéral Slim Riahi, homme d’affaires de son état. En outre, elle comprend des individualités aux caractères imprévisibles et aux ambitions politiques personnelles souvent contradictoires.
Malgré ces handicaps de départ, ce nouveau front politique tente de profiter de la crise endémique de Nidaa, le parti au pouvoir, qui affaiblit considérablement l’action du gouvernement Chahed, mais sera-t-il capable de s’imposer, au cours des prochains mois, comme une force politique alternative et crédible, comme le fut Nidaa en 2013 et 2014, avant d’accéder au pouvoir?
Même si leurs adversaires, aussi bien Ennahdha que Nidaa et le Front populaire, cherchent à minimiser l’importance de leur projet politique qu’ils considèrent comme un non-événement, les fondateurs du FNS restent optimistes, comptant surtout sur le dynamisme de Marzouk, l’effervescence de Slim Riahi et l’impétuosité de Kilani pour asseoir leur légitimité sur l’échiquier politique.
Le Front du salut national mise sur la réconciliation nationale.
Au-delà des déclarations d’intentions des uns et des autres, cette initiative politique reste une entreprise fragile, dans la mesure où elle repose essentiellement sur un «mariage de raison» entre les deux vrais piliers de ce rassemblement, à savoir Riahi et Marzouk, autrement dit, sur la rencontre fortuite de deux frustrations et de deux projets politiques divergents.
C’est donc à ces deux leaders de dissiper le doute de beaucoup d’observateurs de la scène politique tunisienne et de veiller à garantir à leur projet toutes les chances du succès.
Donnez votre avis