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Six ans après le ‘‘Printemps arabe’’ : La Tunisie et l’Egypte restent corrompues

Les soulèvements en Tunisie et en Egypte, il y a 6 ans, appelaient à mettre fin à la corruption et à créer des opportunités économiques, objectifs non encore atteints.

Par Panos Mourdoukoutas *

En réalité, la Tunisie et l’Egypte ne sont pas moins corrompues et le chômage, dans ces deux pays, continue d’être à deux chiffres.

Pourtant les marchés financiers ne semblent pas prêter grande attention – avec une Bourse de Tunis (Tunindex) en hausse de 20% et une Bourse égyptienne (EGX30), elle aussi, en hausse de plus de 300% en valeur, depuis 2010. En monnaie nationale, bien évidemment. Par contre, en monnaie étrangère, les choses sont tout à fait différentes: depuis 2010, il y a eu une baisse de près de 60% des VanEck Vectors ETFs(1).

Les 70 milliards de dollars de Hosni Moubarak

«Les manifestants de la place Tahrir parlaient d’une seule voix pour dénoncer la corruption du gouvernement, l’incapacité de ce dernier à fournir des services publics et le manque d’égalité des chances dans leur pays», écrivent Daron Acemoglu et James A. Robinson, dans leur livre ‘‘Why Nations Fail: The Origins of Power, Prosperity and Poverty’’ (Pourquoi des nations échouent: Les origines du pouvoir, de la prospérité et la pauvreté). «Les manifestants se plaignaient notamment de la répression et de l’absence de droits politiques», ajoutent-ils

L’Egypte était un pays pauvre parce qu’elle était gouvernée par «une élite restreinte» qui ne servait que ses intérêts, plutôt que ceux des masses populaires, expliquent Acemoglu et Robinson.

«L’Egypte est précisément pauvre parce qu’elle a été dirigée par une petite élite qui a organisé la société au profit de son propre avantage et au détriment de l’intérêt de la vaste majorité du peuple égyptien. Le pouvoir politique a été très concentré et il a été utilisé pour générer de la richesse pour ceux qui la possède – à l’exemple des 70 milliards de dollars que le président Hosni Moubarak a pu amasser. Dans cette affaire, c’était le peuple égyptien qui était le perdant –ainsi que l’avaient bien compris les protestataires de la place Tahrir.»

Le raisonnement d’Acemoglu et de Robinson peut également expliquer la situation dans laquelle se trouve la Tunisie, un pays où le peuple a été et continue d’être le perdant.

Dans les deux pays, la corruption et le chômage n’ont jamais cessé de s’amplifier, depuis 2011, et actuellement ils se situent à un niveau bien supérieur à la moyenne enregistrée durant les 18 dernières années. La Tunisie se trouve 75e sur les 175 pays compris dans ce classement de l’Indice de perception de la corruption 2016 de Transparency International – c’est-à-dire, bien au-dessus de la moyenne de 54,74 entre 1998 et 2016 (voir tableau ci-dessous).

Le régime change, les pratiques demeurent

L’Egypte occupe le 108e rang dans le même classement – également bien au-dessus de la moyenne 84,95 des deux décennies entre 1996 et 2016.

Dans le même temps, en Tunisie comme en Egypte, le chômage est encore à un taux de deux chiffres et il continue d’augmenter, alors qu’il demeure très difficile de faire des affaires, selon les appréciations de la Banque mondiale, et plus particulièrement en Egypte (voir tableaux ci-dessous).

Pour être juste, il faut admettre qu’une période de sept années est bien trop courte pour réaliser des améliorations significatives en matière de lutte contre la corruption et le chômage et dans le domaine de la facilité à faire des affaires.

Cependant, il est indéniable que tous les indicateurs économiques, en Tunisie aussi bien qu’en Egypte, évoluent dans la mauvaise direction et il est permis de penser qu’une autre révolution a été inutile.

La raison est bien simple: le nouveau régime a fait usage des mécanismes anciens pour promouvoir ses intérêts, plutôt que ceux des masses populaires.

Article traduit de l’anglais par Marwan Chahla

Note:
(1) Les VanEck Vectors ETFs (Exchange Traded Funds) sont des fonds négociés en bourse, dont les évolutions sont surveillées par la Van Eck Global, une société mondiale de gestion de placements et portefeuilles.

*Panos Mourdoukoutas, contributeur au magazine économique américain ‘Forbes’, est professeur et chef du département Economie à la Long Island University de New York, Etats-Unis.

** Le titre est de l’auteur et les intertitres sont de la rédaction.

Source: ‘‘Forbes’’.

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