Statue de Timour Le Grand / Station de train de Tachkent / Femme ouzbek.
L’Ouzbékistan d’aujourd’hui, où les dimensions turque et musulmane sont très fortes, n’a plus rien à voir avec l’ancien empire soviétique. Les Ouzbeks renouent avec leur histoire.
Par Jamila Ben Mustapha *
Qu’en est-il de l’Ouzbékistan actuel, pays libéré de la domination de l’Union soviétique depuis 1991? Sur le plan politique, il s’agit d’une république à régime présidentiel qui a été dirigée d’une main de fer par Islam Karimov, de 1990 à 2016, date de sa mort. Depuis, c’est l’ancien Premier ministre qui a été élu à la tête du pouvoir.
La nation ouzbèke fait partie de l’ensemble formé par les peuples turcs, qui inclut non seulement la Turquie, mais aussi les 5 républiques d’Asie centrale et la région autonome du Xinjiang chinois où demeurent les musulmans Ouïghours.
La physionomie des habitants est plus asiatique que celles des Turcs d’Anatolie. Leur langue est apparentée au turc et le russe y joue un rôle non négligeable. Leur religion est l’islam sunnite, de rite hanafite.
Une sécurité sans faille
Nos jugements ne pouvant se faire qu’en fonction du pays où nous vivons, nous avons été frappés par une sécurité sans faille, avec des contrôles très fréquents qui se font plutôt deux fois qu’une : l’Ouzbékistan a connu sa vague d’attentats islamistes au début de ce siècle, ce qui explique sans doute cette vigilance de tous les instants.
Une chose qui attire aussi l’attention des Tunisiens, c’est la propreté que l’on constate partout, à tel point que lorsqu’il nous est arrivé une fois de voir quelques déchets, nous nous sommes dit avec soulagement : «Enfin, il leur arrive de nous ressembler!»
Les stations du métro de la capitale Tachkent – le premier d’Asie Centrale, bâti sous l’occupation russe –, sont non seulement propres, elles aussi, mais recouvertes de marbre, de granite et de bronze. Elles sont plus belles et plus élégantes que celles de plusieurs capitales occidentales et méritent d’être visitées, à cause de leur variété, en elles-mêmes, comme une destination touristique à part entière.
Les jardins à la française sont l’une des attractions de l’Ouzbékistan.
On parle des dessins impeccables réalisés dans jardins à la française. On pourrait tout aussi bien relever la rigueur des parterres de fleurs ouzbeks, présents partout, trop géométriques à notre goût et qui nous ont fait retrouver avec plaisir les herbes folles et les fleurs sauvages de nos champs, au printemps.
Les femmes traditionnelles ne portent pas le hijab mais le foulard noué derrière la tête et sont de grandes travailleuses puisque leur présence est très importante dans les marchés, appelés bazars. Elles affectionnent les tissus brillants et certaines d’entre elles aiment afficher une ou plusieurs dents en or.
L’occupation soviétique a voulu débarrasser les Ouzbeks de leur religion, mais comme tout peuple anciennement dominé, ces derniers ont renoué avec l’islam et leur propre histoire, après l’indépendance.
Un islam apaisé et ouvert
Le pays se voulant laïc, la religion musulmane est revenue, non pas en force, mais de façon modérée. On n’entend pas les 5 appels à la prière dont les horaires sont simplement affichés dans les mosquées. Notre guide nous a assuré qu’il n’y avait aucune censure de l’alcool et que le fait de manger en public, au mois de ramadan, ne posait pas problème.
Timour Le Grand, empereur turco-mongol du XIVe siècle, qui a conquis la Perse et une bonne partie de l’Asie centrale et qui a fait de Samarcande sa capitale, est considéré comme le père de la nation. Deux statues monumentales le représentant se trouvent, l’une à Samarcande, et l’autre à Tachkent. Dans la première, l’émir représenté sous forme de géant, est assis sur son trône, et dans la capitale, il est saisi en mouvement sur son cheval.
Jha ou Nasreddine Khodja sur son âne.
L’artisanat ouzbek se compose de tissus décoratifs appelés suzanis, de très belles poteries et, bien entendu, de reproductions de miniatures persanes. N’oublions pas de citer la présence très vivante d’un personnage des contes qui a meublé notre enfance, Jha, appelé là-bas, Nasreddine Khodja, et qui est représenté sur son âne dans une grande sculpture de bronze, à Liab-i-Haouz, à Boukhara, l’artiste n’ayant pas oublié de capter son regard pétillant de malice.
Considérés du point de vue de leur patrimoine artistique, l’Ouzbékistan comme l’Iran sont une illustration grandiose des réalisations architecturales des Musulmans non arabes, aussi bien turcs que perses.
* Universitaire.
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