L’Algérie diversifie son économie et s’ouvre à de nouveaux secteurs où les Tunisiens disposent d’un savoir-faire réel et de cadres expérimentés.
Par Hassen Mzoughi
L’Algérie n’était pas la première destination professionnelle des Tunisiens qui préfèrent la Libye, le Moyen-Orient et l’Union européenne. Changement d’orientation : elle est désormais très prisée par un grand nombre de Tunisiens qui traversent les frontières du pays voisin en tant qu’employés qualifiés.
Les restrictions de toute sorte en Europe et au Moyen orient et la guerre civile en Libye ont introduit une mutation de la mobilité des Tunisiens et ouvert de nouvelles voies vers l’Algérie. Même si le chômage est également un fléau dans ce pays, certains profils y sont très recherchés.
Le tourisme offre des opportunités
Les Tunisiens et les Algériens, qui font face à des problèmes socio-économiques similaires (en plus du terrorisme), ont décidé la réactivation, en 2015, de la convention de libre circulation entre les deux pays, suspendue par l’ex-président Ben Ali pour des raisons sécuritaires. Cette convention donne aux Tunisiens le droit de travailler en Algérie en présentant juste leur contrat de travail signé avec l’employeur.
C’est dans le tourisme que les Tunisiens sont très demandés. La décision du gouvernement algérien, fin avril 2017, de relancer ce secteur par la construction de 450 unités hôtelières et thermales (dont 100 doivent être réceptionnées en 2017), offre de grandes opportunités aux professionnels de ce secteur en Tunisie. Des accords ont été signés pour permettre aux Tunisiens de former leurs homologues algériens. L’Algérie n’a pas une longue tradition dans ce créneau spécialisé qui reste porteur, car, à la différence de la Tunisie, le tourisme n’y a pas été développé comme étant un secteur économique de premier ordre. D’où une demande importante et croissante pour développer les activités liées à segment économique.
Industrie automobile, ingénierie et nouvelles technologies
Le modèle économique algérien est en pleine mutation. Largement dépendante des hydrocarbures (30% du PIB, 60% des recettes du budget et 95% des recettes d’exportation), l’économie algérienne tend à se diversifier davantage et à s’ouvrir sur des secteurs porteurs. Les autorités cherchent à développer la production locale et à réduire les importations et, dans ce contexte, les Tunisiens disposent d’atouts majeurs, d’autant qu’ils acceptent des salaires moins élevés que d’autres cadres étrangers.
Ainsi une centaine d’entreprises tunisiennes évoluent en Algérie dans des domaines variés comme la distribution, le tourisme, l’industrie automobile, l’ingénierie, les nouvelles technologies et l’habillement. Ces entreprises ont fait appel à des cadres tunisiens. Le mouvement est appelé à se développer entraînant une demande croissante en embauche surtout de cols blancs tunisiens.
La proximité géographique et les affinités humaines et culturelles aidant, il y a de fortes chances que l’Algérie remplace, momentanément et partiellement, la Libye, comme destination de la main d’œuvre qualifiée, en attendant la stabilisation de la situation politique et sécuritaire dans ce pays.
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