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IFT : Maigre soutien aux médias francophones tunisiens

«Je m’exprime en français» : à lui seul l’intitulé annonce la teneur d’une entreprise inédite pour le renforcement de l’utilisation du français dans les médias en Tunisie.

Par Hamma Hanachi

Dans cette optique de consolider la langue de Voltaire, l’Institut français en Tunisie (IFT) a organisé une rencontre avec des journalistes, des responsables de presse et le président de la Fédération des directeurs de journaux et des professionnels de la rédaction pour discuter et approfondir les propositions dégagées après l’étude de terrain. Celle-ci a été engagée par les intéressés, les professionnels de l’ambassade, parmi lesquels l’ambassadeur de France, Olivier Poivre d’Arvor, homme de médias, qui a derrière lui une longue expérience de journaliste et de directeur à France Culture, d’où l’intérêt avéré qu’il porte au secteur de l’information. Aussi, ajoute-t-il au slogan choisi «Je m’exprime en français», l’adverbe «librement», qu’il martèlera lors de son exposé.

Une nécessité de la formation et de perfectionnement

Férid Memmich, représentant personnel du président de la république tunisienne auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), déplore la perte de l’usage du français au profit de l’arabe, ce recul avance-t-il date de quelques décennies, encouragé par la volonté politique d’arabiser l’enseignement. Pourtant, fait-t-il remarquer, la Tunisie est l’un des pays géniteurs de la francophonie, et de citer, à ce propos, le discours du président Bourguiba en 1968 à Montréal.

Des responsables de journaux avouent des difficultés à recruter des journalistes francophones, d’où la nécessité de la formation et du perfectionnement. C’est à cela que répond le programme «stratégique» qui répond à des besoins spécifiques développé lors de la conférence.

Pour conforter la présence de la presse francophone dont le nombre de lecteurs décroit, il faut favoriser davantage l’éducation aux médias auprès de la jeunesse et du grand public, remarque M. Poivre d’Arvor, qui ne laisse pas place au déclin, ni à l’esprit décliniste. Il veut avancer et positive «à outrance», «même en France, la langue est mal parlée, mal exprimée. L’anglais est conquérant dans le monde, mais le français est fortement présent et dynamique dans les pays francophones», a-t-il rassuré.

Septième langue parlée dans le monde, en 2050, selon les projections, le français fera partie du top 5 gagnant et dépassera l’espagnol et le portugais.

Olivier Poivre d’Arvor et Ferid Memmich.

Un maigre financement de 300.000 euros

«Si la Tunisie a une stratégie africaine et économiquement pris pied dans ce continent prometteur en termes de croissance, c’est grâce au français», poursuit l’ambassadeur. Toujours optimiste, il dresse un constat encourageant pour l’avenir du français : «Si nous mettons 300.000 euros pour développer les médias francophones, toutes catégories confondues, c’est que nous avons foi en ses capacités». Et d’avouer que la somme allouée à ce programme ambitieux est insuffisante. Surtout que, comme on le sait, la grande partie de ce maigre montant sera dépensée… en frais d’expertise, qui plus est, en France. Et quand on sait aussi que 99% de ce montant sera vraisemblablement versé au profit des médias audiovisuels, que restera-t-il à la vraie presse, celle qui porte réellement la langue et la fait vivre? «Peanuts », dira un Français.

Toutes les explications indiquent que ce programme est conçu dans le cadre d’une campagne de promotion pour annoncer le très attendu Sommet de la Francophonie de 2020 à Tunis. Il fallait faire quelque chose, dans l’urgence, mais, par ces temps de crise et d’austérité, les priorités sont ailleurs. On l’a bien compris…

Pour revenir à ce programme, rappelons qu’il est étalé sur deux ans et comprend trois axes :

– construire un partenariat avec les médias francophones tunisiens en valorisant notamment l’utilisation du français sur les réseaux sociaux, en accompagnant les contenus et les programmes en français à la radio et à la télévision;

– soutenir la liberté d’expression et l’accès à l’information à travers la formation et la production de contenus spécialisés pour renforcer le journalisme d’investigation sur les droits de l’Homme en Tunisie. Un appel à projet sera lancé en septembre 2017;

– et proposer de nouvelles formations en France destinés aux professionnels tunisiens de la radio et de la télévision. Un appel à candidature à l’attention des professionnels de la radio et de la télévision pour 19 formations théoriques et pratiques en France, pour une durée de 2 semaines.

Les vœux exprimés par M. Poivre d’Arvor est de créer un club de la presse francophone hebdomadaire au sein d’une chaîne de télé et des contacts ont été établis avec l’une d’entre-elles, annonce t-il.

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