La dépendance de la plupart des institutions financières aux algorithmes de l’intelligence artificielle et aux robots pourrait entraîner une plus forte sensibilité aux chocs systémiques.
Par Nathalie Jouet
Aujourd’hui, les technologies se multiplient dans l’objectif d’automatiser un maximum d’opérations sur le secteur financier. Celles-ci sont principalement utilisées pour déterminer la fiabilité des clients en matière de crédit, pour établir des contrats d’assurance ou encore pour évaluer les risques sur les marchés des valeurs. Ces innovations technologiques peuvent toutefois constituer une véritable menace en aggravant une crise future, comme le soulignent plusieurs régulateurs financiers.
De nouvelles technologies qui pèsent sur l’emploi
Si l’intelligence artificielle et les technologies basées sur le «machine learning» peuvent permettre de filtrer une quantité importante d’informations utiles à partir des données disponibles, elles génèrent des économies significatives en termes de coûts salariaux. En effet, une enquête dévoilée par le consultant Optimas montre que l’essor des nouvelles technologies se fera au détriment de nombreux emplois à l’échelle mondiale dans le secteur de la finance. Ainsi, 230.000 emplois pourraient disparaître d’ici la moitié de la prochaine décennie. Avec une perte de 90.000 emplois, la gestion de patrimoine serait la plus touchée.
Il y a quelques mois, une étude évoquait la possibilité de voir les robots remplacer l’intégralité des emplois humains d’ici 50 ans. Aujourd’hui, cette question se pose de plus en plus dans l’univers du trading. Les outils de trading sont désormais plus courants sur les marchés financiers. Des algorithmes de trading automatique complexes tendent à remplacer les traders humains grâce à leur capacité à prendre en compte un plus grand nombre de paramètres, l’historique de l’évolution des cours mais aussi les tendances globales des marchés. Le trading automatique représente à lui seul près de 60 % des transactions quotidiennes mondiales et plus de 80 % des échanges à Wall Street.
La question de la transparence et du fonctionnement des marchés
Le trading à haute fréquence est une récente technologie qui permet d’envoyer plus de deux ordres par seconde. Les sociétés spécialisées dans ce domaine profitent donc d’algorithmes puissants pour passer de nombreuses transactions en quelques millisecondes. Si certains estiment que le trading à haute fréquence a sa place dans la finance actuelle en favorisant la liquidité des marchés boursiers, d’autres considèrent que cette activité n’est pas sans risque. La méfiance du public par rapport à cette technologie est bien présente et n’a fait que se renforcer depuis la crise financière de 2008. Il faut dire que la stabilité des marchés pourrait être menacée dans plusieurs situations, notamment lors d’un emballement des transactions informatisées et automatisées. Même si chaque robot ou algorithme semble exécuter son programme, des interférences ne sont pas à exclure. La moindre erreur dans ces programmes est susceptible de se propager sur le reste des robots, provoquant une réaction en chaîne. Cela s’est déjà produit lorsqu’en mai 2010, le Dow Jones s’est effondré de 9 %, perdant plus de 900 points en quelques minutes, il s’agissait d’un flash krash.
Il faut enfin souligner la difficulté de réguler le trading à haute fréquence liée à l’importante mobilité des capitaux dans le monde. Une régulation au seul niveau national serait contre-productive puisque cette activité peut être délocalisée instantanément dans d’autres pays. Sans la survenance d’une grave crise financière, il est donc fort probable qu’aucune restriction ne voit le jour à l’échelle mondiale. Cet outil reste toutefois intéressant pour les particuliers qui débutent en Bourse.
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