Tous les clignotants sont au vert pour les opérateurs du tourisme à Djerba : responsables, hôteliers et voyagistes claironnent à plein poumons que l’activité est en train de reprendre. Et c’est tant mieux pour les Djerbiens.
Par Hamma Hanachi
Tous, d’ailleurs, étaient présents au rendez-vous du 55e anniversaire de l’Ulysse Palace, hôtel quasi-mythique Djerba. Et quand on sait que 80% des habitants de l’île vivent d’une façon directe ou indirecte du tourisme, on comprend que le climat soit à la fête.
Mohamed Jerad, directeur des Radisson Blu Athénée et Blu Ulysse Resort et Thalasso Djerba, a invité à cette occasion ses pairs du secteur, ses clients fidèles et des journalistes français et tunisiens à célébrer cet anniversaire.
Ulysse Palace dans les années 1960.
La nostalgie d’une certaine époque
L’Ulysse Palace, tous comme les autres palaces (le Sahara à Nefta, le Kuriat à Monastir, le Jawhara à Sousse, le Tunisia à Tunis), tous de catégorie 4 étoiles, est né en 1963 suite à une décision de l’ancien président Habib Bourguiba, qui a voulu donner de la splendeur et du prestige à une hôtellerie et un tourisme encore balbutiants de catégorie de 2 ou 3 étoiles, le premier directeur du Palace djerbien fut Mohamed Lamouri.
Un demi siècle plus tard, le nom légendaire d’Ulysse collé à l’île des Lotophages, semble perpétuer celui du héros grec, «premier touriste de l’île», aime à répéter M. Jerad.
Bourguiba / Juliette Gréco, Jacques Chazot et Françoise Sagan.
Les murs de l’hôtel, désormais en mode all in premium (dommage!), sont garnis de photos d’époque, en noir et blanc cela va de soi. Au milieu du hall de la réception, le portrait de Bourguiba, souriant, attire les regards. À tel couloir du bâtiment, de vieux clichés ravivent la mémoire. L’une d’elle montre des filles allongées sur la plage, où l’on observe que celle-ci a été dangereusement grignotée par l’érosion maritime, que celles-là portant des maillots d’époque affichant une certaine insouciance, libres et heureuses de montrer leurs corps. Un autre cliché de l’hôtel témoigne de l’architecture de l’époque, des marques de voiture (une DS garée), etc.
Lucie Cardona, Mohamed Jerad et Amel Hachani.
Quand ils ne sont pas traversés par les clients, les couloirs, le hall de réception, les murs semblent immortaliser le temps, celui des glorieuses visites des notoriétés tels que les chanceliers Helmut Schmid ou Willy Brand, le Guide Mouamar Kadhafi qui y a signé l’éphémère accord d’union de Djerba en 1975, la romancière Françoise Sagan, venue avec ses amis Jacques Chazot et la chanteuse Juliette Gréco, l’acteur Alain Delon et des dizaines d’autres célébrités.
Radisson Blu Athénée.
Prévisions à la hausse
Les journalistes ont été conviés à une conférence de presse, où l’on apprend de la bouche d’Amel Hachani, commissaire du tourisme au sud-est, que la région est sortie du tunnel. «Les marchés belge, suisse, italien, russe, polonais, hongrois sont de retour, dit-elle. Une dizaine d’unités fermées reprennent leur activité. Le fameux Dar Djerba a rouvert ses portes vendredi 23 mars courant en grande pompe et en présence de plusieurs tours opérateurs. Le marché algérien, bien portant, va être conforté par une ligne aérienne Alger-Djerba, qualifiée d’historique». Et, cerise sur le gâteau, on nous apprend que l’usine de dessalement de l’eau de mer entrera en fonction à la fin du mois de mai prochain.
René Trabelsi, TO, installé en France et organisateur du pèlerinage de la Ghriba, présent à la conférence, annonce une forte reprise du marché français.
M. Jerad affiche avec force détails ses ambitions pour la saison et les années prochaines, dont deux Radisson qui vont pousser dans le Grand-Tunis.
Pourquoi 55 ans et non pas un chiffre rond 50 ans ? «Parce qu’en 2013, année du cinquantenaire, la situation n’était point à la fête, le tourisme était en berne», répond M. Jerad.
De son côté, Lucie Cardona, directrice communication au siège du Radisson (Bruxelles), venue avec une escouade de journalistes français, a décrit la politique et les alliances de son groupe.
Branle-bas de combat, toutes les équipes de l’hôtel ont été mobilisées pour la cérémonie. Le soir venu, M. Jerad a convié ses hôtes à un dîner-gala enrichi par une projection de photos d’époque et un film ont été projetés.
Tout le monde évoque la saison avec optimisme. Mieux : on mise sur une reprise durable à Djerba. Un responsable reprend publiquement une anecdote, au dernier Salon du tourisme de Berlin (ITB), les Espagnols, dit-il ont, des inquiétudes de l’imminente reprise du tourisme tunisien. Pourvu qu’il n’y ait pas de faux-pas du côté de l’accueil et des prestations.
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