Le tourisme, en Tunisie, est un secteur qui ne se régénère pas et ne se diversifie pas. Le gros de ses recettes est réalisé par des activités connexes au noir qui profitent exclusivement au promoteur (location de boutiques, mariages, séminaires etc..).
Par Mohamed Rebai *
Lisez bien mon papier jusqu’à la fin vous allez découvrir une super tromperie qui nous coûte cher et qui donne matière à réflexion. 3.229.971 touristes ont visité la Tunisie du 1er janvier au 30 juin 2018, pour des recettes estimées à 1.292,9 millions de dinars tunisiens (MDT), a annoncé la présidence du gouvernement dans un rapport publié sur le secteur, soit une recette, facile à calculer, de 144 dollars par touriste.
Le tourisme rapporte 4 fois plus au Maroc qu’à la Tunisie
Des cacahuètes, en comparaison avec les recettes du Maroc durant la même période de l’année 2018 qui seraient estimées à 3,12 milliards de dollars engrangés par 5,1 millions de touristes soit une recette de 612 dollars par touriste. Le tourisme marocain réalise des recettes en devises quatre fois plus que la Tunisie !
La bagatelle de 144 dollars par touriste, soit l’équivalent de 400 DT par touriste logé, nourri et blanchi avec en sus les frais d’avion et de bus jusqu’à l’hôtel, me paraissent dérisoires et moins dérisoires et demandent des analyses plus approfondies.
De deux choses l’une ou une bonne partie des recettes reste planquée à l’étranger et qui serait partagée entre hôteliers et agences de voyages, qui cassent nos prix à moins 75% par rapport à ceux du Maroc. Cette hypothèse me paraît la plus plausible.
On le sait, c’est un secteur qui ne paie pas ses crédits d’investissement. Il serait redevable aux banques de 7.000 MDT, selon l’ex-ministre des Finances, le professeur Houcine Dimassi. S’ajoute à cette ardoise grande ouverte les impayés dus aux deux entreprises publiques, la Steg (pour l’électricité) et de la Sonede (pour l’eau), ainsi que les arriérés dus aux services fiscaux.
Surfacturation, arnaque et évasion fiscale
Le tourisme est un secteur qui profite à une minorité d’hommes d’affaires proches du pouvoir. Après la révolution, ils n’ont pas été inquiétés. Deux banques d’investissement, la BDET et la BNDT, qui ont accordé dans le temps de larges facilités aux hôteliers, ont fermé boutique depuis plusieurs années.
De nombreux investisseurs étrangers ont construit en Tunisie des hôtels de marbre surfacturés. Ils peuvent transférer librement capitaux et bénéfices exempts d’impôts et payer leurs frais de gestion avec toujours moins de devises puisque la monnaie locale continue à glisser de manière suicidaire.
Bon nombre d’arnaqueurs tunisiens réalisent dès le départ ce qu’on appelle un coup financier à travers une surestimation des frais de construction de l’hôtel destinée à couvrir largement l’apport en capital. Ensuite, la tendance est de les louer à des tours opérateurs étrangers moyennant des devises sonnantes et trébuchantes dont une bonne partie ne rentre pas au bercail.
Finalement, si vous offrez 400 DT la semaine aux Tunisiens, tous les hôtels seraient complets. Pour trouver des devises, il va falloir les chercher dans les nouvelles technologies, un secteur plus rémunérateur et évolutif. Et à la limite travailler sur l’exportation des produits agricoles et manufacturés.
Le tourisme est un secteur pourri qui ne se régénère pas et ne se diversifie pas. Le gros des recettes est réalisé par des activités connexes au noir qui profitent exclusivement au promoteur (location de boutiques, mariages, séminaires etc..).
* Economiste.
Tourisme : La réussite du Maroc laisse les Tunisiens envieux
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