Encouragés par l’évolution, notamment en matière d’exportations et de création d’emploi, qu’a connu le secteur ces dernières années, les industriels tunisiens du textile-habillement poursuivent leur stratégie visant à redonner à ce domaine son éclat d’antan… lorsqu’il était l’un des piliers de l’économie du pays.
Par Cherif Ben Younès
C’est dans ce contexte que la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (FTTH) a tenu lundi, 8 juillet 2019, à l’hôtel Paris Concorde, de Tunis, un séminaire sur le thème : «La nouvelle vision du textile tunisien».
En présence du ministre de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises (PME), Slim Feriani, et du président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), Samir Majoul, c’est Hosni Boufaden, président de la FTTH, qui s’est chargé de présenter cette «nouvelle vision», axée autour de la signature d’un accord de collaboration entre la fédération et le projet Tunisia Jobs (Jobs étant l’acronyme de «Jobs, Opportunities and Business Success», un projet financé par l’Agence américaine pour le développement international (USAID).
Renforcer le financement du secteur textile-habillement
Cet accord devra permettre de renforcer l’accès des entreprises au financement, d’accroître les opportunités d’emploi, particulièrement dans les régions prioritaires, de soutenir les entreprises du textile-habillement en vue d’améliorer leur positionnement sur les marchés, et d’élargir les marges de manœuvre de la FTTH, notamment dans sa stratégie de relance du secteur.
En effet, Tunisia Jobs s’engage, à travers ce partenariat, à fournir le support nécessaire à la fédération du textile et de l’habillement pour qu’elle puisse mieux assurer l’encadrement, les formations, l’assurance qualité et l’aide technique auprès des industriels du domaine, tout en préservant le secret professionnel en matière de données financières et techniques. Le projet américain contribuera également à la mise en place d’un nouveau fonds d’investissement dédié au secteur textile.
De son côté, la FTTH devra, en vertu de cette alliance, procurer à son nouveau partenaire toutes les ressources disponibles et nécessaires à la réalisation des objectifs de l’accord, ainsi que l’information sur les investissements et les postes d’emploi créés grâce à cet accord.
À cet effet, M. Boufaden a assuré que ce partenariat vient confirmer l’objectif de la fédération d’assurer un support tangible aux entreprises du secteur. «On répond ainsi aux critiques selon lesquelles nos mesures seraient purement théoriques», a-t-il ajouté.
«On va, à titre d’exemple, mettre à disposition des sociétés opérant dans les 9 régions que nous couvrons, des experts financiers qui se chargeront de réaliser des études financières pour les PME, afin de leur permettre de présenter, en fonction de leurs besoins, des demandes de financement auprès des banques», a-t-il développé.
La collaboration de la FTTH et du gouvernement porte ses fruits
Le président de la FTTH a, par ailleurs, souligné, que depuis deux ans (date de création de la fédération, ndlr), la valeur ajoutée du secteur affiche une évolution continue, comme en témoigne la montée des exportations du textile et de l’habillement, qui ont enregistré un accroissement cumulé de plus de 4%. «Alors que le secteur perdait de l’emploi avant 2017, il en a regagné depuis. La population employée par le secteur a augmenté de 6%», s’est-t-il félicité.
M. Boufaden s’est, d’autre part, longuement attardé sur les bons rapports et la relation de collaboration qui lient sa fédération au gouvernement tunisien, assurant, à ce propos, que l’exploration des voies permettant de procurer aux entreprises du secteur les meilleurs horizons de compétitivité et de croissance n’a été possible que grâce à «la remarquable écoute et le formidable appui du gouvernement aux multiples démarches et sollicitations des professionnels du domaine».
«Cet esprit de collaboration a permis aux industriels de se prendre en charge et d’être une force de proposition et non de revendication. À cet égard, l’élaboration par la fédération d’un plan de relance du secteur a abouti à la signature d’un pacte de compétitivité et de croissance entre la FTTH et le gouvernement, qui fixe les objectifs quantitatifs du secteur à l’horizon 2023 et les engagements des deux parties à leur réalisation», a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Industrie et des PME, Slim Feriani a, quant à lui, souligné la grande importance que revêt le domaine du textile-habillement en Tunisie, en raison de son rôle vital dans le soutien et le développement de l’économie nationale, mettant l’accent sur les résultats positifs enregistrés par le secteur en ce qui concerne l’exportation et les emplois générés. Un secteur qui comprend, a-t-il rappelé, près de 1.600 entreprises, qui fournissent plus de 164.000 emplois.
Le docteur en finance a, par ailleurs, indiqué que le domaine a connu un rafraîchissement ces dernières années, avec notamment des exportations d’environ 2.360 millions d’euros, rappelant que le gouvernement avait récemment adopté la charte sectorielle de partenariat public-privé (PPP) pour le textile-habillement, durant la période 2019-2023. «Une charte qui s’inscrit dans le cadre de la nouvelle vision économique de la Tunisie et qui contribuera au développement du secteur et à la création de nouveaux emplois», a-t-il promis.
M. Feriani a, d’un autre côté, évoqué lui aussi le pacte de croissance et de compétitivité conclu entre la FTTH et le gouvernement. Un pacte qui a jeté, selon le ministre, les bases de la relance entreprise par la fédération, et qui a dégagé les horizons du secteur sur le moyen et le long terme.
Les autres secteurs de l’industrie tunisienne ont besoin, eux aussi, de se relancer
Le président de l’Utica, Samir Majoul, a affirmé, de son côté, que le plan de relance du secteur, adopté par les industriels, dans le cadre d’un pacte de PPP, a ouvert la voie aux autres fédérations professionnelles de son organisation en vue de se doter, elles aussi, d’un plan qui aboutirait à la signature d’un pacte similaire avec le gouvernement. «Elles s’y sont engagées et leurs plans respectifs sont en cours d’élaboration», a-t-il assuré. En effet, tous les autres secteurs de l’industrie tunisienne ont besoin, eux aussi, de se relancer, a-t-il estimé.
M. Majoul a indiqué, d’autre part, que la vision de l’Utica envers la Tunisie est celle d’un pays capable de conjuguer le dynamisme économique et l’exigence de solidarité, et qui choisit la croissance, dont les fruits sont équitablement partagés.
«Toutefois, a-t-il averti, cette croissance pose un défi majeur à relever. Celui de la compétitivité. Car il n’y a pas de richesses sans entreprises performantes. Il n’y a pas de richesses sans capacités à gagner des parts de marché et à réussir à mieux s’insérer dans la chaîne de valeur mondiale. Et sans richesses, il n’y a pas de croissance et sans croissance, il n’y a pas d’emplois durables».
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