Au cours de la période précédant le vote du 1er tour de la présidentielle tunisienne, prévu dimanche prochain, 15 septembre 2019, certains des 26 candidats ont provoqué un débat sur le rôle de président de la république, et sur les limites de son pouvoir, souligne un article du site Al Jazeera, en date du 8 septembre 2019.
Extraits traduits de l’anglais par Amina Mkada
Sous Habib Bourguiba, les pouvoirs du président, selon la constitution de 1959, s’étendent à presque toutes les sphères de la société. Après la révolution de 2011, les membres de l’Assemblée nationale constituante (ANC) ont voté une constitution, qui laisse au président un mandat limité aux affaires étrangères, à la défense et à la sécurité nationale.
Parmi les candidats en faveur d’un président avec plus de prérogatives, les candidats à la présidentielle Abdelkarim Zbidi, Abir Moussi et Abdelfattah Mourou, candidat du parti Ennahdha, qui n’avait pourtant épargné aucun effort pour ériger un système parlementaire pendant la période de transition post-révolutionnaire de 2011 à 2014.
Propositions de revenir à un système présidentiel
Loin de susciter un tollé, de nombreux Tunisiens accueillent favorablement les propositions de revenir à un système présidentiel.
D’autres pensent le contraire comme Nessim Ben Gharbia, commentateur politique, pour qui « (…) beaucoup de gens supposent à tort que le président incarne l’État et devrait donc avoir le plus de prérogatives. L’instabilité institutionnelle qui a suivi la fuite de Ben Ali (…) en 2011 pourrait avoir un lien avec la popularité actuelle de la présidence», a-t-il dit à Al Jazeera. Il en est de même pour le chef de gouvernement Youssef Chahed, également candidat à la présidentielle, qui s’est déclaré en faveur du système parlementaire.
Ancien membre du parti Nidaa Tounes de Béji Caïd Essebsi, Chahed s’en est séparé en 2018 après être tombé en disgrâce auprès du fils du président, Hafedh Caid Essebsi. La «guerre à la corruption» de Chahed commença à toucher des hommes d’affaires influents proches de ce parti et de Hafedh, fils du président défunt Caïd Essebsi, y compris le magnat des médias et candidat à la présidence, Nabil Karoui.
Peu de temps après que ce dernier eut annoncé son intention de briguer la présidence et un mois après que le défunt président Caïd Essebsi eut annoncé qu’il ne se représentera pas, Chahed se heurta à de nombreux obstacles administratifs. Le 18 juin, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a approuvé des amendements à la loi électorale qui interdiraient à Karoui de se présenter à la présidence du fait de sa possession d’une chaîne de télévision utilisée pour promouvoir son travail philanthropique, et qui lui conférerait un avantage concurrentiel sur les autres prétendants. Cependant, avant sa mort, Caïd Essebsi n’a pas ratifié cette loi.
La personnalité des responsables imprime leur fonction
«Malheureusement, le président Caïd Essebsi n’a pas été un président proactif. Il aurait pu faire beaucoup plus. Même devant l’opposition du Parlement, il aurait pu soumettre ses projets de loi à un référendum populaire (…). Il ne serait pas exact de dire que les prérogatives du président sont limitées par rapport à celles d’un Premier ministre» a déclaré à Al Jazeera, Abdelaziz Hali, journaliste tunisien.
Max Gallien, politologue à la London School of Economics, est du même avis: «Je pense que nous ne devrions pas sous-estimer comment, malgré leurs rôles constitutionnels, l’interaction entre la présidence, le parlement et la primature est également façonnée par la pratique, et a été façonnée ces dernières années par la personnalité des responsables (…). Je ne pense pas que nous puissions supposer qu’un nouveau président interprète sa position de la même manière que Caïd Essebsi », a-t-il déclaré.
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