Réagissant à la récente démission de Zied Ladhari du secrétariat général d’Ennahdha, Abdelkarim Harouni a minimisé l’importance de ce départ et tenté de rassurer les troupes d’Ennahdha que tout allait bien à Montplaisir et que des changements dans l’organisation du parti islamiste vont bientôt être introduits – «ainsi que l’exige la prochaine étape…»
Par Marwan Chahla
Le président du conseil de la Choura d’Ennahdha a été le plus en vue des dirigeants islamistes à commenter la démission de Zied Ladhari du secrétariat général du parti islamiste. A deux reprises hier, lundi 2 décembre 2019, M. Harouni est revenu sur cette démission pour la qualifier de «normale» et qu’elle demeure, en définitive, la parfaite illustration de «la manière dont les choses se font chez Ennahdha…, c’est-à-dire en toute démocratie.»
Une démission trop médiatisée au goût de Harouni
Le détail qui semble «déranger» et «étonner» Abdelkarim Harouni –et le parti islamiste – c’est que Zied Ladhari ait procédé comme il l’a fait, en remettant sa démission et en se précipitant pour présenter les raisons de son départ au grand public, sur un réseau social…
Abdelkarim Harouni et Ennahdha, par voie de conséquence, cache mal l’effet négatif qu’une démission du secrétariat général de Zied Ladhari peut avoir comme préjudice sur le parti islamiste. Qu’il ait été prévisible ou pas importe peu, ce départ a eu l’effet d’une bombe. De fait, le parti islamiste a perdu l’un de ses « hommes de vitrine » qui vendaient le mieux son illusoire islamo-démocratisme. Ennahdha jouerait-il désormais franc jeu ?
Dans l’annonce de sa démission du SG et de toute autre responsabilité au sein des instances d’Ennahdha, Zied Ladhari a enrobé comme il a pu son profond désaccord avec le parti islamiste. Dans son post sur Facebook, dans la soirée du 28 novembre 2019, il a arrondi les angles et écrit qu’«il n’est plus à l’aise avec un certain nombre de décisions importantes prises par le parti.»
Ennahdha à droite toute
Bien plus qu’une saute d’humeur de Zied Ladhari, un homme jeune «pressé» qui a vu «les portes du palais de la Kasbah se fermer à son nez.» Il s’agit bel et bien d’une page du parti islamiste qui est tournée et un virage «extrême-droitiste» que vient d’emprunter Ennahdha et qui se précisera encore plus, à l’avenir…
Tenant compte du fait que «l’islamo-démocratisme» n’a pas payé, qu’Ennahdha a vu sa popularité décliner depuis 2011 – à raison d’une perte d’environ 500.000 voix, à chaque échéance électorale ! –, il devenait donc urgent de retourner aux sources originelles et aux fondamentaux du mouvement islamiste – quitte à jeter le bébé avec l’eau du bain. Il s’agit donc de faire peau neuve et de mieux coller à l’humeur du temps, le temps du populisme, du dégagisme et du retour en puissance «des forces de la révolution.»
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