Huit gouvernements en autant d’années se sont révélés incapables d’élaborer un plan de réforme économique audacieux et une stratégie efficace de lutter contre la corruption. Même l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc) n’a pas réussi à mettre en place une stratégie efficace de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, alors que ce fléau continue de se développer et que son coût avoisine, selon certaines estimations, 54% du PIB de la Tunisie.
Par Amine Ben Gamra *
C’est à croire que le système démocratique mis en place dans le pays au lendemain de la révolution de janvier 2011 n’a pas évolué vers une gouvernance transparente et responsable mais vers une forme de corruption… «démocratisée» ou d’une démocratie soluble dans la corruption.
Aujourd’hui, alors que l’économie stagne suite aux effets dommageables de la pandémie Covid-19, la corruption essaime dans le corps social comme un cancer. Les barons de la corruption veillent au grain, à toutes les échelles et dans toutes les institutions, pour que notre pays ne gagne pas sa guerre annoncée contre ce fléau. Ils sont heureux de garder la main sur des pans entiers de l’économie tunisienne et même sur certains mécanismes de contrôle étatique, monnayant de juteux services et des pots-de-vin.
Pour une société exempte de privilèges, de favoritisme et corruption
Aujourd’hui, le peuple tunisien aspire à construire une société exempte de toute forme de privilèges indus, de favoritisme et corruption. Il aspire surtout à une gouvernance rigoureuse et transparente et à une bonne gestion des fonds publics. Aussi, plus les enquêtes en cours sur des faits de corruption sont clarifiées et leurs auteurs sanctionnés, plus la confiance se renforce et le climat d’investissement s’assainit et gagne en sérénité. Et dans ce contexte, la démocratie tunisienne encore balbutiante a besoin de nouvelles idées.
Pour lutter contre la corruption il faut savoir que les fraudes interviennent souvent lorsque les dispositifs de contrôle ont été mal conçus et que la gouvernance se révèle déficiente, affaiblissant ainsi les processus d’organisation. Les services publics devraient disposer de procédures de contrôle interne solides afin de limiter les risques de fraude.
La menace de fraude est l’un des défis les plus courants auxquels les établissements publics doivent faire face en matière de gouvernance, et ce quelles que soient leurs taille, secteur d’activité et emplacement géographique.
Renforcer les dispositifs de contrôle interne de l’administration
Pour lutter contre la fraude, il est fondamental de mettre en place des dispositifs de contrôle interne adéquats disposant d’un plan de gestion adéquat. À cet égard, il est essentiel d’adopter une approche d’assurance combinée pour comprendre les manquements dans la chaîne de contrôle pouvant entraîner les cas de fraude.
Aussi est-il préférable de faire appel à des spécialistes expérimentés pour mener des investigations périodiques à même d’identifier les situations où le risque de fraude est présent et de fournir une réponse appropriée en auditant les dispositifs de contrôle et en évaluant la possibilité de fraude ainsi que la manière dont l’organisation gère ce risque.
* Expert Comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.
Donnez votre avis