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Me Gzara : «Le lien entre Ghannouchi et Mustapha Khedher, poursuivi dans les assassinats de Belaïd et Brahmi, est avéré»

Khedher/Ghannouchi.

«Le relevé téléphonique de Mustapha Khedher, poursuivi dans les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, contient des communications fréquentes avec deux numéros de téléphone, dont celui du chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi et un autre appartenant à Kamel Bedoui, membre de l’appareil sécuritaire du parti islamiste», affirme Me Imène Gzara membre du comité de défense des deux martyrs, assassinés, en 2013, par des extrémistes de la mouvance islamiste.

«Kamel Bedoui (dont le numéro était enregistré sous le nom de Khitam Zarqaoui), qui était en contact permanent avec Mustapha Khedher, avait contacté Rached Ghannouchi, 11 fois, la veille de l’assassinat de Mohamed Brahmi. Leurs communications étaient d’ailleurs fréquentes et continues», a ajouté Me Gzara, lors de la conférence de presse organisée, jeudi 23 juillet 2020, à Tunis.

L’avocate a affirmé que ces données étaient à la disposition de la justice depuis juillet 2013 mais qu’elle n’ont été révélées qu’en mai dernier, suite à la demande du comité de défense, en rappelant que Mustapha Khedher a été accusé, le 28 mai 2020, pour avoir refusé de signaler aux autorités publiques des informations liées à l’assassinat de Mohamed Brahmi.

«Il est désormais poursuivi pour homicide volontaire. Son dossier a été transféré à la chambre criminelle, ce qui signifie que l’appareil secret d’Ennahdha, dont il était responsable, est devenu une partie intégrante de l’acte d’accusation», précise l’avocate.

Ce Mustapha Khedher, rappelons-le, est d’ailleurs incarcéré depuis 2014, et devra purger une peine de 8 ans de prison, pour détention de documents sécuritaires confidentiels, liés à des affaires terroristes. Une diversion judiciaire, en somme, pour enterrer l’autre aspect, plus accablant, de son dossier, en lien avec les deux assassinats.

Rappelons que le comité de défense a également accusé le juge Béchir Akremi, aujourd’hui procureur de la république près du tribunal de 1ère instance de Tunis, d’avoir manipulé les dossiers, afin de protéger Rached Ghannouchi, en annonçant que la Cour de cassation a décidé de retirer l’affaire au tribunal de 1ère instance de Tunis et de la transférer à celui de l’Ariana, en espérant que la justice convoquera le chef du parti islamiste, notamment pour l’interroger sur le contenu de ses nombreuses communications téléphoniques avec Mustapha Khedher et «l’intermédiaire» Kamel Bedoui.

Le 6 février 2013, Chokri Belaïd, SG du Watad, a été assassiné par balles, en bas de chez lui, par des extrémistes religieux. Le 25 juillet de la même année, le député Mohamed Brahmi a été tué de la même manière, par la même partie.

Ces deux dirigeants de gauche étaient d’irréductibles opposants à Ennahdha et ont toujours dénoncé les abus des islamistes, en alertant notamment sur la montée du terrorisme en Tunisie… La responsabilité politique des dirigeants d’Ennahdha est évidente et prouvée. Il reste à prouver aussi leur responsabilité sur le plan judiciaire, car les assassins appartenaient à leur nébuleuse.

Y. N.

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