Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, accompagné du chef d’état major des armées Yasar Gular ainsi que le ministre qatari de la Défense, Khaled Bin Mohamed Al-Attiyeh se sont rendus hier lundi 17 août 2020 à Tripoli où ils ont eu une réunion avec le très erdoganien Fayez Sarraj, président du Conseil présidentiel de Libye. Comme par hasard, les responsables turc et qatari se sont trouvés au même moment à Tripoli! Qu’est ce qui se trame à la frontière sud-est de la Tunisie et de l’Algérie ?
«Le ministre Akar est, lundi, en déplacement à Tripoli, la capitale de la Libye, accompagné du chef d’état-major des forces armées turques, Yasar Guler. Après avoir inspecté le commandement turc de coopération, de formation et de conseils, Akar s’est rendu au palais qui accueille la présidence du gouvernement. Une réunion tripartite avec le ministre turc de la Défense, le Premier ministre Sarraj, reconnu par la communauté internationale, et le ministre qatari de la Défense y a eu lieu», a rapporté l’agence turque Anadolu.
Rappelons qu’un accord avait été signé mercredi 13 août entre le gouvernement Sarraj et les Turcs en vertu duquel une société turque, SCK, contrôle les flux des marchandises importées via le port de Tripoli.
Basée à Istanbul, SCK appartient à l’homme d’affaires Mehmet Kocabasa, un ami du président Erdogan. Autrement dit, SCK devra concevoir, gérer et contrôler, à travers un programme électronique, la provenance et la quantité de tous les produits transportés vers ce port. Un suivi normalement assuré par des sociétés locales et non pas étrangères.
«Selon les documents qui ont fuité dans la presse, c’est le ministre libyen des Finances Faraj Boumtari qui a signé le mandat accordé à la société turque», rapporte RFI.
Que reste-t-il de la souveraineté libyenne? Demandez à M. Sarraj…
Quant aux opérateurs économiques tunisiens qui n’ont pas encore désespéré de voir leurs affaires reprendre en Libye, ils n’auront désormais que leurs yeux pour pleurer la perte d’un marché voisin qui, avant 2010, était un important débouché pour leur production industrielle et agricole. A l’époque, les échanges entre les deux pays atteignaient, bon an mal an, autour de deux milliards de dinars tunisiens et étaient appelés à se développer. Avec l’«occupation» (n’ayons pas peur des mots) de la Libye par les Turcs, il n’y aura plus de place que pour les exportateurs ottomans, qui ont les yeux plus gros que le ventre.
On doit remercier pour cela toutes les groupies de Monsieur Erdogan en Tunisie, à savoir les Rached Ghannouchi, Nabil Karoui, Seifeddine Makhlouf et les autres…
I. B.
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