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La Tunisie et la vague de normalisation arabe avec Israël

Kaïs Saïed et Othman Jerandi étrangement absents sur le front de la diplomatie tunisienne.

En dépit de tout son attachement aux droits légitimes des Palestiniens, la Tunisie devra se poser la question du coût qu’elle est disposée et en mesure de payer pour son inflexibilité et son sentimentalisme diplomatiques, en s’opposant à la vague de normalisation d’un nombre croissant de pays arabes avec Israël.

Par Elyes Kasri *

La politique étrangère tunisienne semble tétanisée par l’accélération des événements aussi bien sur la scène maghrébine, en Libye et au Sahara Occidental, qu’au Moyen Orient et dans le Golfe avec la vague de normalisation d’un nombre croissant de pays arabes avec Israël.

La Tunisie donne l’impression d’être prise de court sinon désemparée en l’absence de positions claires et dans le sens de l’histoire et avec des déclarations à l’emporte-pièce de l’ancien président Moncef Marzouki, notre «tartour» national, contre nos voisins algériens et marocains, qui, après les élans pro-ottomans du gourou national, le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi, jettent un discrédit supplémentaire sur la Tunisie et sa stature sur la scène internationale.

Avec un président de la république, Kaïs Saïed, qui ne cesse de tonner contre des forces occultes qui demeurent mystérieuses et sans nom et un ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, en rupture de bail sous le motif déclaré de Covid-19, la voix de la Tunisie semble inaudible et confuse.

Faut-il rappeler que les Etats ont des intérêts qui évoluent avec le temps et que les slogans de lycée et de campus ne font pas un homme d’Etat qui doit plutôt savoir décrypter la réalité et s’adapter aux nouvelles tendances afin d’éviter la marginalisation diplomatique et des postures préjudiciables à l’intérêt national.

Dans sa situation actuelle qui peut être considérée critique, la Tunisie n’est pas en mesure de camper sur des positions qui peuvent être qualifiées de radicales ou rétives et se départir du consensus qui se forge chez nos partenaires étrangers sur certaines questions internationales.

En dépit de tout notre attachement aux droits légitimes de nos frères palestiniens, la Tunisie devra se poser la question du coût qu’elle est disposée et en mesure de payer pour son inflexibilité et son sentimentalisme diplomatiques.

* Ancien ambassadeur.

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