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La Tunisie est-elle devenue une pépinière de terroristes sanguinaires ?

Brahim Issaoui, Mohamed Lahouaiej, Anis Amri et Mona Guebla.

Les réseaux d’embrigadement (que l’on n’arrive mystérieusement pas à démasquer et à démanteler même après la constitution d’une commission parlementaire à cet effet) et les facilités accordées par des puissances étrangères, en mal de chair à canon, par le biais de réseaux et associations financés de l’étranger, font que la Tunisie est devenue une pépinière de terroristes sanguinaires.

Par Elyes Kasri

Les parents, voisins et amis de Brahim Issaoui, auteur de l’attaque terroriste à La Basilique de Notre Dame de Nice, le 29 octobre 2020, ont exprimé leur surprise d’apprendre que Brahim puisse commettre un acte aussi odieux.

Tout comme les parents et amis de Mohamed Lahaouiej, auteur de l’attaque terroriste de la Promenade des Anglais à Nice (le 14 juillet 2016), d’Anis Amri, auteur de l’attaque terroriste contre le Marché de Noël à Berlin (le 19 décembre 2016) et de Mona Guebla, terroriste kamikaze à la bombe sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis (le 29 octobre 2018), ont été surpris par cette violence que rien ne laissait deviner dans le comportement de leurs proches et amis.

De l’embrigadement au déclic sanguinaire

Les experts se sont penchés sur les déterminants de ce passage à l’acte et le déclic sanguinaire qui a caractérisé des centaines de Tunisiens, certains de familles relativement aisées, qui se sont illustrés en Europe, Iraq, Syrie et Libye par une violence exceptionnelle.

Si la pauvreté et l’analphabétisme ne peuvent être retenus comme des facteurs déterminants, l’explication pourrait être ailleurs.

La violence qui caractérise progressivement la société tunisienne, le discours politique des partis et des députés du peuple, nos stades, nos rues et nos routes, en plus des émissions de télévision de même que les prêches enflammés et takfiristes dans de nombreux lieux de culte semblent offrir un terreau favorable à cette dérive sanguinaire.

Une pépinière de terroristes sanguinaires

Les réseaux d’embrigadement (que l’on n’arrive mystérieusement pas à démasquer et démanteler même après la constitution d’une commission parlementaire) et les facilités accordées par des puissances étrangères, en mal de chair a canon, par le biais de réseaux et associations financées de l’étranger, font que la Tunisie est devenue, en plus d’un grand exportateur de djihadistes, une pépinière de terroristes sanguinaires.

Quand on voit que l’enquête sur les réseaux d’embrigadement de jeunes tunisiens sur les théâtres extérieurs de violence et sur l’appareil secret d’Ennahdha piétinent indéfiniment et qu’un ancien ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli, «suspecté de lien avec le baron de la corruption et de la contrebande, Chafik Jarraya, arrêté en 2017 et poursuivi par le tribunal militaire pour atteinte à la sûreté de l’Etat, trahison et intelligence avec une armée étrangère» a pu rester longtemps en cavale, on se rappelle la fameuse tirade de Hamlet: «Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark».

* Ancien ambassadeur.

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