Il existe des opportunités et des outils adaptés à la situation de crise, afin de consolider les partenariats économiques entre la Tunisie et la France. L’existence d’instruments pour les entrepreneurs, d’un dispositif d’accompagnement et d’une vision de sortie de crise constituent des leviers pour renforcer les dynamiques entrepreneuriales, dont les économies, qui font face aux effets d’une crise sanitaire sans précédent, ont cruellement besoin.
C’est ce qui est ressorti des débats du webinaire sur le thème «Entreprendre avec la France : les clefs pour réussir» organisé le 20 avril 2021 par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) et le bureau Business France de l’ambassade de France en Tunisie.
Maintenir les courants d’affaires et développer de nouvelles opportunités
Ce séminaire a permis de présenter les outils et les instruments du plan de relance export français – destinés à maintenir les courants d’affaires et développer de nouvelles opportunités entre les entreprises tunisiennes et françaises. Il a également permis de passer en revue les nouveautés de la formule du VIE (Volontariat international en entreprise) pour assurer la formation de jeunes talents à l’international, ainsi que le dispositif d’accompagnement en matière d’implantation des entreprises tunisiennes en France, deux points illustrés par des témoignages d’entreprises en Tunisie.
Habib Gaida, directeur général de la CTFCI, a dressé un état des lieux des actions engagées par la chambre à l’effet d’entretenir les courants d’affaires entre ces deux partenaires stratégiques. Il s’agit notamment de missions de prospection en France et d’autres destinations, les actions d’assistance aux entreprises, qu’elles soient implantées en Tunisie ou représentées dans le pays par des partenaires, la fourniture d’un service de domiciliation au profit des entreprises en période de création, l’hébergement des jeunes diplômés dans le cadre de la formule VIE ainsi que l’organisation de visites de partenaires tunisiens dans les grands salons professionnels français.
Michel Bauza, directeur Afrique du Nord de Business France a présenté les solutions et les services d’accompagnement assurés dans le cadre du plan de relance export français, qui peuvent contribuer à créer des opportunités et maintenir les relations d’affaires entre la Tunisie et la France. Il a rappelé l’existence d’un partenariat entrepreneurial d’exception entre les deux pays, se basant sur des investissements croisés en Europe et en Afrique du Nord et l’implantation d’entreprises (près de 1400 entreprises ayant une participation française en Tunisie), la montée en compétences et en valeur. Dans le cadre de cette logique de co-développement et de co-production, les entreprises, qu’elles soient tunisiennes ou françaises, disposent d’avantages comparatifs leur permettant de rester compétitives et d’approcher de nouveaux marchés. Cela nécessite de mobiliser toutes les bonnes cartes dans les secteurs porteurs et innovants (numérique, transition écologique, énergétique, industrie 4.0, agritech, santé),pour positionner la Tunisie en tant que hub de proximité pour la coproduction des chaînes de valeur et le développement vers l’Afrique.
A cet effet, le plan de relance export français se décline en 4 grands axes : l’intelligence avec la mise à disposition d’information marchés très opérationnelles sur la plateforme numérique Team France Export, l’agilité avec un programme dynamique de prospection numérique des marchés internationaux (dont une quarantaine d’actions en Afrique du Nord), la mobilisation et la formation de la jeunesse avec le VIE et enfin le renforcement de financements pour l’international. Il offre des réponses et des outils pouvant accompagner les entreprises innovantes dans leur développement à l’international et favoriser des synergies pour stimuler leur croissance.
Zohra Sadok, chef de projet Invest Business France Tunisie, a parlé de l’attractivité des territoires français pour les investissements directs à l’étranger, des incitations et des instruments d’accompagnement prévus pour accompagner les entrepreneurs à investir en France. Elle a estimé que ces stratégies répondent à une logique de co-développement, dont la finalité devrait conduire les entrepreneurs d’Afrique du Nord à s’implanter en France pour bien se positionner vers leurs clients européens.
À la faveur d’un écosystème favorable, précise Zohra Sadok, la Tunisie est parvenue en 2020 à être le premier pays africain investisseur en France et le 20e investisseur international. En effet, sur les 15 projets aboutis en provenance d’Afrique du Nord, 8 sont initiés par des entrepreneurs privés tunisiens.
L’implantation en France pour rayonner sur les marchés européens
Tel a été le cas du projet d’Enova Robotics initié par le tunisien Anis Sahbani qui, lancé en 2014 à Sousse, a créé une filiale en 2018 en France et se prépare actuellement à se projeter sur le marché américain. Tout en se félicitant de l’appui dont il a bénéficié par Business France dans son implantation française, ainsi que l’accès à des réseaux d’entreprises via Bpifrance, il a fait savoir que son choix répond à un besoin stratégique. Au regard du caractère innovant de son activité, l’implantation en France, indique-t-il, est le moyen le plus sûr pour rayonner vers d’autres marchés porteurs que ce soit en Europe, au Moyen Orient et même au-delà de l’Atlantique. Par exemple, son entreprise a pu bénéficier d’une promotion en Afrique du Sud lors de forum, via sa filiale française.
Concernant la formule VIE, Salma Kaffel, responsable VIE Business France Tunisie, a présenté les conditions d’éligibilité des profils, l’intérêt que les entreprises peuvent tirer de ces jeunes talents et du dispositif mis au point pour promouvoir ce programme. Cette forme de service civique à l’international, d’une durée de 6 à 24 mois, s’adresse aux jeunes diplômés européens âgés de 18 à 28 ans dans le cadre d’un volontariat international. Depuis 2000, 1 160 jeunes ont eu la chance de vivre cette expérience formatrice en milieu professionnel en Tunisie, avec une vingtaine de V.I.E en poste actuellement.
Ali Khalil Dridi, directeur financier de la filiale tunisienne du Groupe Ametra (entreprise offshore spécialisée dans l’aéronautique basée à Utique) a évoqué l’itinéraire réussi d’un jeune VIE, dont l’expérience de deux ans en Tunisie l’a propulsé rapidement à un poste de dirigeant dans une filiale du groupe basée en Inde. Pour M. Dridi, la réussite de cette expérience «made in Tunisia» et l’impact positif de la mission sur la filiale tunisienne l’ont poussé à accueillir un 2e VIE en 2020. Ce jeune diplômé en poste depuis 6 mois a réussi son intégration dans l’usine où il est chargé de tâches liées à la supervision de la production en immersion avec l’équipe tunisienne.
Il apparaît en conclusion que la mutualisation des efforts, l’approche commune des actions, l’existence d’outils d’accompagnement et de financement constituent des atouts indéniables pour favoriser une relance de l’activité des entreprises en période post Covid-19 et de conférer une dynamique qui renforcera davantage le partenariat et la coopération entre la Tunisie et la France.
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