La Tunisie est parmi les nations les plus mal classées dans le monde en matières de qualité et de niveau de l’enseignement public. Les causes en sont nombreuses et tant que les responsables de cette situation, à commencer par les premiers concernés, à savoir les enseignants, ne se sentent pas concernés par les réformes à mettre en œuvre pour redresser cette situation, ils n’y aura point d’amélioration. Et ce ne sont pas les augmentations annuelles des salaires qui vont changer quoi que ce soit…
Par Imed Bahri
Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a exprimé ses regrets face à ce qu’il a qualifié d’effondrement de le système éducatif en Tunisie… sans se douter un instant de la notable contribution de son organisation à cet effondrement. Comme dit l’adage bien tunisien, «le chameau ne voit pas sa bosse»…
Près de 110 000 élèves abandonnent l’école chaque année
M. Taboubi, qui intervenait en marge de la deuxième journée du colloque sectoriel des surveillants et surveillants généraux à Hammamet, dimanche 9 janvier 2022, a cru pouvoir expliquer cet effondrement par la situation des éducateurs et des surveillants et l’aggravation du phénomène du décrochage scolaire qui, selon lui a contribué à l’exacerbation des fléaux sociaux, notamment celui du crime organisé.
Il convient de rappeler, dans ce contexte que le taux quotidien d’abandon scolaire en Tunisie est de 300 élèves, soit près de 110 000 par an.
Concernant la première cause, M. Taboubi laisse entendre que les augmentations salariales quasi-annuelles accordées aux éducateurs et enseignants sont toujours insuffisantes, tout comme les revenus consistants que beaucoup d’entre eux tirent des cours particuliers, souvent organisés chez eux ou dans des locaux où manque le minimum de confort, et qui ne servent finalement à rien, sauf à déplumer les parents, le niveau des élèves bénéficiant de ces «cours» étant plus catastrophique encore qu’avant que ne s’y résignent, eux et leurs parents, pour éviter… les mauvaises notes parfois données selon la tête du «client», et c’est le cas ici de la dire.
Qui empêche la mise en œuvre des réformes de l’éducation ?
Ne craignant pas le ridicule et croyant avoir toujours raison, envers et contre tous, M. Taboubi a souligné dans son discours de Hammamet que les dirigeants de l’UGTT sont déterminés à faire de 2022 «l’année de l’école publique à tous les niveaux», laquelle école publique a été complètement détruite, y compris par les interminables grèves observées par les enseignants, et toujours pour exiger des augmentations salariales et pour faire obstacle aux réformes que la tutelle tente de mettre en œuvre pour assurer un meilleur contrôle du système éducatif et une amélioration des compétences de ses agents, dont la majorité est plus portée sur l’argent que sur la connaissance.
Les résultats sont là qui positionnent la Tunisie parmi les nations les plus mal classées dans le monde en matières de qualité et de niveau de l’enseignement public. Et qui obligent certains parents à tourner le dos à l’école publique et à inscrire leurs enfants dans les écoles privées pour leur assurer, pensent-ils naïvement, un meilleur niveau, avant de constater qu’ils ont finalement dépensé leur l’argent pour rien.
L’Etat a beau promulguer des lois et prendre des mesures pour faire face à ce phénomène, tant que les premiers concernés, c’est-à-dire les enseignants et les parents, ne prennent pas conscience du fait que les solutions doivent être recherchées ailleurs, il n’y aura pas de redressement possible.
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