Le 16 mars 2022 a été inauguré au Kef dans le nord-ouest de la Tunisie, le troisième centre du programme Elife, dédié à l’amélioration des opportunités de formation et d’emploi des diplômés chômeurs. Ce projet est porté par la Fondation Tunisie pour le Développement (FTD) et cofinancé par l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne.
Ce troisième centre, après ceux de Siliana et de Béja, a été inauguré en présence du ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Nasreddine Nsibi, des ambassadeurs de l’Union européenne, Marcus Cornaro, et de France, André Parent, et du président de la Fondation, Badreddine Ouali, du gouverneur du Kef, des partenaires du projet (Tunisie Telecom, ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, AFD, DUE, GIZ…), des prestataires (l’Université Esprit), ainsi que d’une délégation de chefs d’entreprises du secteur du numérique.
Le centre Elife du Kef accueillera dès les prochaines semaines plusieurs centaines de jeunes qui intégrerons les programmes de formation et d’entrepreneuriat et profiteront des activités culturelles proposées. Il vient ainsi consolider le dispositif de lutte contre le chômage et en faveur de l’égalité des chances dans les régions défavorisées. Et contribuera au renforcement de la couverture et de l’impact du programme dans les régions du Nord-Ouest.
Le défi du numérique en Tunisie
Le numérique en Tunisie offre une situation paradoxale: il s’agit d’un secteur à fort potentiel de développement mais beaucoup d’entreprises du secteur rencontrent des difficultés à recruter des techniciens supérieurs opérationnels. Ce décalage se traduit chaque année par des milliers d’offres d’emplois non pourvues et des difficultés des diplômés du supérieur à trouver un emploi.
Pour expliquer ce paradoxe, tous les diagnostics convergent : si les jeunes de niveau bac +3 ont un solide socle théorique au sortir de leurs études, ils sont pénalisés par leur niveau de langue et manquent de mises en situations professionnelles. Ce décalage est d’autant plus grand que dans les régions du nord-ouest, l’écosystème entrepreneurial en général et numérique en particulier est peu développé.
Le projet Elife, initié et mis en œuvre par la FTD, en partenariat avec l’Université Esprit pour la conception pédagogique des formations, le Conservatoire national des arts et métiers (établissement public français d’enseignement supérieur et de recherche), et l’association Tact qui regroupe plusieurs entreprises leaders du numérique dans le pays, a précisément pour but de s’attaquer à ce défi.
Faciliter le recrutement des diplômés du numérique
Le centre Elife a pour objectif de faciliter le recrutement des jeunes diplômés du numérique, en particulier dans les gouvernorats présentant un taux de chômage élevé, en leur proposant un parcours de formation innovant, en prise avec les besoins du secteur, pour renforcer leur employabilité et les aider dans leur insertion économique et sociale. Au-delà du cycle de formation, les centres seront des lieux d’entrepreneuriat, de culture, d’échanges et d’accès aux nouvelles technologies.
Ce projet va permettre à terme la création et l’animation de dix centres de technologie, de formation et de culture dans les régions de l’intérieur.
Les jeunes de ces régions qui souhaitent accéder à cette opportunité de formation devront justifier d’un diplôme de licence dans le domaine du numérique et être inscrits sur les registres de l’Aneti afin de pouvoir valider leur inscription dans un des centres Elife. Après des tests de sélection effectués par les équipes des centres, ils pourront y recevoir une formation gratuite de 6 mois, grâce à l’appui du Fonds national de l’emploi, dans l’une des spécialités proposées : développement logiciel; business intelligence; informatique embarquée; et community management.
Cette formation comprend également un renforcement en langues et techniques de communication, en programmation informatique. Elle sera suivie d’une période de professionnalisation de six mois consistant en des projets pratiques proposés et encadrés par les entreprises partenaires du programme.
La France au travers de l’AFD contribue au projet Elife à hauteur de 2,9 millions d’euros, sous forme de subvention, permettant de financer l’acquisition de la totalité des équipements informatiques de pointe des centres Elife. Une enveloppe de 100 000 euros a également été mobilisée par l’AFD pour appuyer un partenariat entre les centres Elife et le Cnam dans le but d’assurer un suivi rapproché de l’insertion professionnelle des jeunes en sortie de formation.
La pérennité du projet est assurée grâce à une convention signée entre la Fondation et l’Aneti dans laquelle l’Etat s’engage via l’Aneti à subventionner les frais de formation ainsi qu’une bourse sur 12 mois de tous les apprenants du programme.
L’Union européenne à travers Expertise France contribue également au projet à hauteur de 1,6 million d’euros sous forme de subvention afin de financer l’agencement et le fonctionnement des 5 premiers centres Elife ainsi que le déploiement du programme entrepreneuriat dans ces 5 centres avec l’accompagnement à l’idéation d’une centaine de porteurs de projets par centre dans les régions, et l’incubation d’une vingtaine de projets par centre.
Le projet bénéficie également d’autres subventions de la GIZ (agence de coopération allemande pour le développement) et de Hivos (organisation néerlandaise d’aide au développement) qui permettent de financer des frais inhérents à la montée en capacité des encadrants et le coaching des apprenants sur les aspects pratiques de la formation.
Depuis le lancement du premier centre Elife en 2019 à Siliana, 6 500 jeunes des régions ont pu participer à plus d’une centaine d’évènements (formations, manifestations culturelles, hackathons, rencontres entreprises, etc..). Plus de 50 accords ont été signés avec des partenaires privés et 5 partenaires publics soutiennent aujourd’hui le projet. Notons aussi que 60 porteurs de projets ont été formés dans les régions de Béja et Siliana.
Le troisième des dix centres Elife a ouvert ses portes au Kef en début d’année 2022 avec une capacité d’accueil de 150 apprenants. A la différence des deux précédents centres, nouvellement construits, le centre Elife du Kef s’installe dans une ancienne villa coloniale, entièrement restaurée.
Deux nouveaux centres sont attendus d’ici la fin de l’année 2022, à Djerba et à Tozeur; cinq autres centres seront créés à terme dans les régions de Jendouba, Sidi Bouzid, Kasserine, Kairouan et Gafsa.
Le ministre de l’Emploi s’est félicité que ce projet qui «s’inscrit de manière étroite dans une relation entre acteurs publics, privés et associatifs», notamment par l’accès des apprenants aux ressources du Fonds national pour l’emploi (FNE) à travers des bourses d’études, et de «la désormais indispensable implication des entreprises pour l’atteinte les objectifs d’insertion.»
Le président de la FTD a déclaré : «C’est par un choix responsable et engagé que la Fondation Tunisie pour le Développement a choisi la conservation et la mise en valeur de ce précieux patrimoine architectural qui était dans un état délabré et abandonné menacé de démolition. Ainsi restauré et équipé, le nouveau centre Elife Le Kef pourra accueillir des centaines de jeunes de la région qui profiteront des différents programmes mis à leur disposition par la Fondation dans les domaines de la culture, l’entreprenariat, la formation et l’employabilité.»
L’ambassadeur de France a indiqué : «Je me réjouis de l’appui français au projet Elife porté par la Fondation Tunisie pour le développement. Ce partenariat qui combine financement de l’AFD, appui technique d’Expertise France et l’appui pédagogique du Cnam, permet aux jeunes de Siliana, de Béja et maintenant du Kef de se, former dans le secteur porteur du numérique. Ce nouveau centre va créer une dynamique culturelle et entrepreneuriale qui, j’en suis certain, va bénéficier à toute la région.»
L’ambassadeur de l’UE a, pour sa partn déclaré : «Nous nous réjouissons de l’inauguration de ce troisième centre dans la région du Kef : c’est un pas de plus vers le renforcement de l’égalité des chances dans les régions défavorisées. L’appui de l’Union européenne vient en particulier renforcer le programme de formation pour l’amélioration de l’employabilité et d’encadrement des jeunes entrepreneurs dans les régions, et ainsi faire de la culture entrepreneuriale un véritable levier de développement économique local.»
Donnez votre avis