Tunisie : Friture sur la ligne entre les magistrats et le ministère de la Justice

Le ministère de la Justice a déclaré qu’il n’avait reçu aucune demande officielle de rencontre avec l’Union internationale des magistrats (UIM) ou son président honoraire et aucun avis de leur part concernant la visite. Les déclarations relayées sur le refus des institutions étatiques de répondre favorablement à la demande de rencontrer le président honoraire de l’UIM sont sans fondement, a indiqué le ministère dans un communiqué publié jeudi 7 juillet 2022.

Les rencontres officielles avec les représentants des autorités et des parties étrangères ont lieu selon les procédures en vigueur et tiennent compte des usages diplomatiques, ajouté le communiqué, en précisant que ces demandes d’audience passent par le ministère des Affaires étrangères. «Or, aucune demande en ce sens n’a été déposée auprès de ce ministère», affirme le ministère de la Justice, en réponse aux propos du président de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Anas Hmadi.

Le ministère, dirigé par une magistrate, Leila Jaffel, s’est cependant gardé de préciser qu’il était disposé à rencontrer le président de l’UIM et cela veut tout dire, le dialogue étant rompu, dès le début de la grève générale des juges, entre ces derniers et leur tutelle. Et le problème des magistrats, c’est qu’en pleine saison estivale et à trois semaines du référendum sur la nouvelle constitution, peu de Tunisiens s’intéressent à leur problème. D’autant que leur image dans l’opinion est très négative en raison de la résistance de leur corporation, longtemps impliquée dans les réseaux de corruption, à toute tentative de réforme ou d’assainissement.

Rappelons que M. Hmadi avait déclaré la veille à l’agence Tap que le président d’honneur de l’UIM, Christophe Regnard, en visite en Tunisie les 5, 6 et 7 juillet, «a été surpris de constater le manque de coopération des institutions de l’État suite à sa demande de réunion», ajoutant que le programme de la visite comprend des rencontres avec des autorités officielles, telles que le président de la république, le ministre de la Justice et le président du Conseil supérieur de la magistrature provisoire.

Ces rencontres devaient porter sur la situation des magistrats en grève de la faim pour la troisième semaine consécutive, pour exhorter les autorités à retirer le décret présidentiel n°516 du 1er juin 2022 portant révocation de 57 juges.

«Ces parties n’ont pas accepté de s’entretenir avec Christophe Regnard, ce qui représente un préjudice majeur pour la position du pays sur le plan international», a insisté Anas Hmadi, qui s’exprimait lors d’un point de presse de l’AMT jeudi à Tunis.

Une réunion à distance devait se tenir, dans la soirée, entre le rapporteur spécial des Nations unies sur l’indépendance des juges et des représentants des barreaux, a aussi précisé M. Hmadi.

Christophe Regnard, qui s’est rendu en Tunisie du 5 au 7 juillet à la demande de l’AMT, a évoqué la situation des magistrats en grève de la faim pour la troisième semaine consécutive, exhortant les autorités à retirer le décret présidentiel n°516 du 1er juin 2022.

I. B. (avec Tap)

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.