«Le nouveau programme pour la Tunisie soutenu par le FMI vise à rétablir la stabilité macroéconomique, à renforcer les assises financières de la sécurité sociale, à instaurer une équité fiscale, et à accélérer les réformes qui favorisent un environnement propice à une croissance inclusive et à la création d’emplois durables», a déclaré à l’agence Tap l’économiste et analyste financier Moez Hadidane.
Les services du FMI et les autorités tunisiennes sont parvenus, samedi 15 octobre 2022, à un accord au niveau des experts, pour soutenir les politiques économiques de la Tunisie, avec un programme qui s’étalera sur 48 mois au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEC) d’environ 1,9 milliard de dollars.
«Le nouveau crédit, qui sera accordé à la Tunisie (probablement à partir de janvier 2023) ne pourra à lui seul combler les besoins de financement de la Tunisie, mais le FMI suggère que cet accord incitera la communauté internationale à contribuer au succès du programme des autorités tunisiennes par le déblocage rapide de financements supplémentaires», a ajouté Hadidane. Et d’ajouter : «La Tunisie peut désormais, compter sur des financements urgents de bailleurs de fonds dans le cadre de la coopération bilatérale, mais ne pourra toujours pas sortir sur le marché financier international».
«Les équipes du FMI ont déclaré que la détérioration de l’environnement mondial et les prix internationaux élevés des matières premières pèsent lourdement sur l’économie tunisienne, en plus des faiblesses structurelles sous-jacentes dans un contexte socio-économique difficile. La croissance ralentira probablement à court terme, tandis que la hausse des cours internationaux des matières premières exercera des pressions sur l’inflation ainsi que sur les soldes extérieurs et budgétaires», a encore expliqué Hadidane.
Selon l’économiste, le nouvel accord du MEC soutiendra le programme de réformes économiques des autorités visant à rétablir la stabilité extérieure et budgétaire de la Tunisie, à renforcer la protection sociale et à promouvoir une croissance plus élevée, plus verte et inclusive et la création d’emplois tirée par le secteur privé. Plus précisément, le programme de réforme des autorités vise à :
1. combattre le marché parallèle et l’invasion fiscale: améliorer l’équité fiscale en prenant des mesures pour faire entrer le secteur informel dans le circuit organisé et en élargissant l’assiette fiscale pour garantir des contributions équitables de toutes les professions;
2. rationaliser les dépenses et réformer le système de subventions: contenir les dépenses et créer une marge de manœuvre au budget de l’État pour le soutien social; les autorités ont déjà pris des mesures pour contenir la masse salariale de la fonction publique et ont commencé à éliminer progressivement, les subventions grâce à des ajustements réguliers des prix qui lient les prix intérieurs aux prix internationaux, tout en offrant une protection ciblée adéquate aux segments vulnérables (y compris par le biais de transferts sociaux);
3. protéger les ménages les plus vulnérables : renforcer le filet de sécurité sociale en augmentant les transferts monétaires et en élargissant la couverture des filets de sécurité sociale pour dédommager les ménages vulnérables de l’impact de la hausse des prix. Il s’agit aussi, de protéger le pouvoir d’achat des Tunisiens face à une inflation élevée et qui s’accélère. Pour renforcer la stabilité macroéconomique, la Banque centrale de Tunisie a d’ores et déjà commencé à resserrer sa politique monétaire;
4. réformer les entreprises publiques : lancer un programme global de réforme des entreprises publiques, en commençant par la promulgation d’une nouvelle loi sur les entreprises publiques;
5. instaurer une concurrence saine et inciter l’investissement privé: accélérer les réformes structurelles pour renforcer la concurrence et créer des conditions de concurrence transparentes et équitables pour les investisseurs, en rationalisant et en simplifiant les incitations à l’investissement;
6. renforcer la gouvernance et la transparence dans le secteur public, avec notamment un diagnostic complet de la gouvernance pour établir une feuille de route pour les réformes;
7. encourager une économie plus verte : adapter et renforcer la résilience au changement climatique, en promouvant les investissements dans les énergies renouvelables ainsi que la gestion des terres et des eaux (usées), et des mesures pour préserver les côtes tunisiennes, l’agriculture, la santé et le tourisme.
Enfin, le communiqué du FMI insiste sur le rôle important de la communauté internationale pour faciliter le programme des autorités tunisiennes par le déblocage rapide des financements afin d’assurer le succès de la politique des autorités et des efforts de réforme, a précisé Hadidane.
D’après Tap.
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