Tunisie | Un Etat pauvre et dépensier  

Au lieu d’imposer aux citoyens et aux entreprises une austérité et une fiscalité qui pourraient compromettre les chances de relance économique, l’Etat tunisien serait mieux inspiré de réduire ou de rationaliser considérablement son train de vie, trop couteux pour les contribuables.

Elyes Kasri *

Faute d’être riche, car il semble qu’il le soit de moins en moins, l’État tunisien est néanmoins généreux et d’une prodigalité remarquable.

Je me rappelle lorsque j’étais ambassadeur à Berlin, les hauts responsables fédéraux invités à une réception ou un dîner à la résidence de Tunisie dans la capitale allemande demandaient à connaître la station de métro la plus proche. En fin de soirée, ils se faisaient aider par le personnel de l’ambassade pour appeler un taxi pour les ramener chez eux.

Alors que l’Allemagne, à l’époque premier constructeur et exportateur mondial de véhicules automobiles, distribuait parcimonieusement les voitures de fonction à ses cadres, la Tunisie qui ne cesse de s’endetter pour boucler ses fins de mois, aux dires de nombreux économistes, se permet le luxe d’entretenir un parc automobile administratif atteignant, selon certaines sources, 90 000 véhicules automobiles importés et maintenus avec des pièces de rechange payées en devises étrangères, en plus d’une dotation en carburant conséquente et de plus en plus coûteuse au trésor public car libellée en nombre de litres quel qu’en soit le prix.

Au lieu d’imposer aux citoyens et aux entreprises une austérité et une fiscalité qui pourraient compromettre les chances de relance économique, de nombreux économistes à travers le monde pensent qu’en pareille situation il revient à l’État de donner l’exemple en réduisant ou mieux en rationalisant considérablement son train de vie.

C’est ce que les Anglo-saxons appellent «leadership by example».

* Ancien ambassadeur.

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