La paralysie de l’hôpital Habib Bourguiba de Sfax provoquée par une poignée de soi-disant syndicalistes est symptomatique de la faiblesse de l’autorité publique.
Par Salah El Gharbi
L’hôpital Habib Bourguiba de Sfax est, depuis des semaines, sous l’emprise des «syndicalistes». Ainsi, et malgré les bons offices de l’UGTT, la centrale syndicale, vraisemblablement dépassée par ses cadres régionaux, on continue à empêcher le directeur, nommé par le ministre de la santé, d’exercer ses fonctions à la tête de l’établissement hospitalier le plus important du sud tunisien sous prétexte que Chokri Tounsi appartenait à l’armée, comme si les militaires étaient une race à part, incapables de gérer efficacement une pareille institution.
Cette situation ubuesque est assez symptomatique de la faiblesse de l’autorité publique, subissant le diktat du syndicat régional de la santé relevant de l’UGTT, dont les membres ont recours aux méthodes musclées visant à intimider le directeur, réduit à gérer son établissement à partir du siège de la direction régionale de la Santé. Et le bras de fer continue malgré l’impact négatif de cette crise sur le fonctionnement de ce service public combien précieux pour toute la région.
D’ailleurs, Said Aidi, le ministre de la Santé, n’a cessé, à plusieurs occasions, de fustiger de pareilles actions, de dénoncer les réelles motivations de certains «syndicalistes» zélés, tout en exprimant sa détermination à faire respecter le règlement qui régit la fonction publique et à faire prévaloir l’intérêt général.
«L’affaire de l’hôpital de Sfax» illustre bien l’état dans lequel se trouve le pays, cinq années après le 14 janvier 2011. Et l’on ne peut qu’attendre à voir la réaction du pouvoir central, surtout après la récente déclaration du porte-parole du gouvernement, Khaled Chawket, dans laquelle il venait d’afficher la détermination des autorités à rétablir l’Etat de droit, quitte à «recourir à la force publique» s’il le fallait, comme il l’a fait au début de cette semaine avec les manifestants de Kerkennah.
On l’espère bien, car la machine économique et sociale, déjà grippée, risque de s’arrêter complètement si les dirigeants politiques se montrent aussi incapables d’agir pour mettre en place les conditions minimales d’une reprise du travail dans tous les secteurs.
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