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Le chant des femmes, un patrimoine spirituel qui sort de l’oubli

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Hajer Messaoudi et Rabiaa Bouzid.

Le chant des femmes rurales et citadines constitue un corpus d’une grande richesse souvent non reconnu sinon même réduit à une pratique clandestine.

Par Fawz Ben Ali

Après une première soirée ramadanesque consacrée à la célébration du 110e anniversaire de Haydée Chikli Tamzali, première actrice tunisienne, la Fondation Tunisienne Femmes et Mémoire (FTFM) a organisé une deuxième soirée placée sus le thème «Chants des femmes rurales et citadines», le vendredi 24 juin 2016 au club culturel Tahar Haddad, dans la médina de Tunis.

L’apport des femmes à la mémoire collective

La FTFM a été créée récemment par un groupe de femmes historiennes, universitaires et communicatrices (Nora Borsali, Neila Mani Achour, Ilhem Abdelkéfi, Samia Zghal Yazidi, Chiraz Ben Mrad et Sonia Temimi). Elle a pour objectif de revaloriser la contribution des femmes à travers l’histoire et la vie contemporaine et réhabiliter leur présence sous ses formes les plus diverses à travers des ateliers, des tables-rondes et des rencontres.

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Hajer Messaoudi et Ali Saidane.

Pour parler du chant féminin rural et citadin comme il se doit, la fondation a invité un homme de mémoire Ali Saïdane, le spécialiste du patrimoine populaire tunisien, mais pas seulement. Ecrivain, poète, chanteur, homme de théâtre, philologue … bref, Ali Saïdane est un intellectuel et un artiste engagé pluridisciplinaire qui s’est fixé pour mission de conserver les trésors immatériels de la mémoire collective.

Le chant des femmes est un patrimoine spirituel qui mérite d’être protégé de l’oubli, surtout que leur contribution dans la chanson et la poésie populaires n’a jamais été reconnue, contrairement à celle de la gente masculine. Minorées, elles ont subi le déni des chercheurs qui ne lui ont jamais rendu justice. Un déni qu’Ali Saïdane explique par une peur mêlée de mépris à l’égard de ces femmes qui avaient osé prendre la parole et dont le génie poétique a été réduit à une pratique clandestine.

Un chant rebelle et parfois osé

Le chant des femmes constitue un corpus d’une grande richesse qui ne se limite pas aux comptines avec lesquelles elles berçaient leurs nouveaux nés ou les sonnets solitaires qu’elles fredonnaient durant les heures de travail domestique et agricole. Ces femmes chantaient également l’amour, leur vécu et le vécu de leur communauté, des vers chargés de sensibilité aussi bien que de sagesse.

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La Fondation Tunisienne Femmes et Mémoire aux racines de la créativité féminine.

La poésie féminine populaire est rebelle, souligne Ali Saïdane. Les académiciens sont incapables de travailler sur cette forme de poésie car elle échappe à toute règle, à l’opposé du chant masculin. Les femmes écrivaient et chantaient leurs textes de manière purement spontanée sans jamais revendiquer la maternité de leurs œuvres, d’ailleurs c’est pour cette raison que celles-ci sont restées anonymes.

Entre le chant rural et le chant citadin des femmes d’autrefois, il n’existe qu’une différence de langage, le sens est souvent le même, bien que le chant citadin est légèrement plus osé, nous explique Ali Saïdane.

La conférence a été enrichie par des vidéos de témoignages et de chants de femmes originaires des différentes régions du pays. Hajer Messaoudi et Rabiaa Bouzid étaient également présentes pour interpréter de magnifiques reprises des chants féminins les plus connus comme ‘‘Rim el fayéla’’, ‘‘Hezzi hramek’’ et des chansons populaires de l’île de Djerba.

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