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Tunisie : L’éthique démocratique à l’épreuve de la guerre contre Essid

Caid-Essebsi-Ennaceur-Essid

La guéguerre menée actuellement contre Habib Essid traduit la persistance, en Tunisie, d’un système politique fondé sur la personnalisation, le clientélisme et l’esprit de clan.

Par Mohamed Chawki Abid *

Tous les indicateurs prouvent que les causes de la campagne présidentielle orchestrée contre le chef du gouvernement Habib Essid résident dans le souci de ce dernier de s’acquitter de ses attributions dans le cadre stricto sensu de la constitution ainsi que dans son refus de se soumettre aux pressions exercées sur lui, tant par les acolytes du fils du président de la république, Hafedh Caïd Essebsi pour ne pas le nommer, que par les membres du groupe parlementaire du parti fondé par Caïd Essebsi père et dont le fiston a pris récemment le contrôle, Nidaa Tounes.

L’indécence politique

A ce titre, moult observateurs ont dû relever que des membres du pouvoir législatif et des acteurs du pouvoir exécutif, relevant de la coalition gouvernementale (formée par Nidaa Tounes Ennahdha, l’UPL et Afek Tounes), brillent par leur indécence politique et par leurs contradictions odieuses.

Primo, la plupart des politicards du gouvernement Essid ont soutenu l’initiative du président Béji Caïd Essebsi pour la formation d’un gouvernement d’union nationale et se sont ralliés au clan des «putschistes» dirigé par Hafedh Caïd Essebsi et ses auxiliaires.
On peut noter parmi eux, les ministres des Finances (Slim Chaker) et du Développement (Yassine Brahim), qui ont brillé par leur comportement scandaleux, faisant montre d’indécence politique et manquant de respect vis-à-vis de leur chef hiérarchique, dont ils ambitionnent ouvertement de prendre la place.

Sans oser démissionner du gouvernement préalablement à toute manœuvre hostile à Habib Essid, le premier a mobilisé toute son énergie pour mener sa campagne de cooptation auprès de Montplaisir, siège du parti islamiste Ennahdha, alors que le second a tenu à assister en personne aux réunions de concertation sur le gouvernement d’union nationale organisées au palais de Carthage. Il faut être un grand acrobate politique pour oser faire ce grand écart : un pied à la Kasbah et un autre à Carthage…

Des mœurs politiques héritées de la dictature

Secundo, on constate clairement que l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) continue à approuver à une très large majorité l’ensemble des projets de lois présentés par le gouvernement Habib Essid, alors que les députés de la coalition régnante ont décidé depuis plus d’un mois de retirer la confiance à ce même gouvernement, conformément aux desiderata de la famille présidentielle.

Or, il y a lieu de rappeler, à ce propos, qu’en démocratie, le retrait de confiance ne pourrait être envisagé que lorsque le gouvernement se trouvait bloqué dans son exercice, à travers des projets de lois rejetés par le Parlement. Ce qui est loin d’être le cas de celui d’Essid.
Il y a donc là une incohérence politique qui en dit long sur les pratiques «démocratique» du nouveau pouvoir en place actuellement en Tunisie, fondé sur la personnalisation, le clientélisme et l’esprit de clan. Ce qui nous autorise à poser cette question : qu’est-ce qui a vraiment changé par rapport aux anciens régimes de Bourguiba et de Ben Ali ? A vrai dire, pas grand-chose, sauf la vitrine électorale, les mœurs politiques étant restées quasiment les mêmes.

* Ingénieur économiste.

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