Avec le groupe tunisien Yuma et la Franco-marocaine Hindi Zahra, le public de Hammamet a voyagé dans un univers de sonorités authentiques et largement métissées.
Par Fawz Ben Ali
Parmi le large éventail des soirées programmées dans le cadre de la 52e édition du Festival international de Hammamet, 10 concerts phares baptisés «la dizaine euphorique» sont donnés au théâtre de plein air du Centre culturel international de cette ville balnéaire entre le 21 et le 31 juillet. Il s’agit d’un condensé de sons et de couleurs musicales qui vise à transporter le public vers «un monde à part», comme le promet le slogan de cette édition qui cible particulièrement les mélomanes. En répondant toujours présents, ces derniers donnent raison au choix de la direction du festival.
L’euphorie musicale a commencé dans la soirée du 21 juillet avec un concert des plus attendus, une échappée musicale méditerranéenne assurée par le groupe tunisien Yuma et la star franco-marocaine Hindi Zahra.
Ramy Zoghlemi et Sabrine Jenhani dans leurs mush-ups.
Yuma : Des univers sonores variés
En première partie de concert, le public a pu découvrir le duo de jeunes auteurs-compositeurs et interprètes: Ramy Zoghlemi et Sabrine Jenhani, qui se sont fait connaître, il y a peu de temps, en diffusant des vidéos de reprises et de compositions personnelles sur les réseaux sociaux.
Issu de la nouvelle vague de la musique alternative tunisienne, Yuma a su se faire remarquer grâce entre autres aux mush-ups, un genre musical hybride qui consiste à fusionner deux ou plusieurs chansons en une seule. Les mush-ups de Yuma sont composés essentiellement de chansons du répertoire oriental classique et d’autres plus modernes.
Sur la scène du théâtre de Hamammet, le duo a choisi d’interpréter le plus célèbre de leurs mush-ups, une fusion entre ‘‘Ya msafer wahdak’’ de Mohamed Abdelwahed et ‘‘Stand up’’ de Hindi Zahra, qui fût agréablement surprise et monta sur scène les remercier de ce bel hommage.
Le jeune duo a également joué des titres de leur premier album ‘‘Chura’’. Véritable succès sur la toile, l’album respire la fraîcheur et la douceur d’une musique acoustique qui puise dans des univers sonores très variés, sur des textes en dialecte tunisien, portés par deux timbres de voix qui ne manquent pas de caractère.
Le public a eu droit à un avant-goût du deuxième album ‘‘Ghbar njoum’’, dont la sortie est prévue en 2017, avec un extrait intitulé ‘‘Nghir alik’’.
Après le succès sur la toile, place à la confirmation sur scène. Yuma a, en effet, prouvé l’étendu de son talent et conquis le public très exigeant du Festival de Hamammet. Grande révélation de cette année, ce duo est certainement sur le chemin d’une belle carrière musicale.
Hindi Zahra : Une musique sans frontières
A la deuxième partie de la soirée, le rythme est monté d’un cran avec une star très acclamée qui nous vient de Marrakech mais dont la carrière avait pris depuis quelques années une dimension internationale.
Hindi Zahra retrouve le public tunisien après une absence de quatre années. Son dernier passage remonte à l’année 2012 dans le cadre du Festival de Jazz à Carthage, où elle était venue présenter son premier album ‘‘Handmade’’ qui l’avait propulsé au devant de la scène internationale, grâce notamment au tube ‘‘Beautiful Tango’’.
Hindi Zahra revient pour promouvoir un deuxième opus ‘‘Homeland’’ plus ancré dans la musique marocaine, un retour aux sources des cultures ancestrales. Le disque est une vraie myriade sonore où le folk, le jazz, le blues, le chaâbi marocain et le flamenco ne font qu’un.
Telle une gitane des temps modernes, Hindi Zahra défend une musique sans frontières, avec un album qui lui colle à la peau, portant les marques du métissage et de la pluralité. A Hammamet, elle a su, encore une fois, envoûter le public tunisien, qui a retrouvé ce soir là une artiste encore plus accomplie, à la voix enchanteresse et à l’énergie inépuisable.
En moins de deux heures, on a pu voyager dans le temps et dans l’espace d’une musique aux rythmes nomades qui fait vibrer jusqu’à la transe.
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