Arkan El-Seblani, à gauche.
La lutte contre la corruption a encore du chemin à faire dans le monde arabe. La Tunisie tente d’avancer dans ce processus avec l’aide de la communauté internationale.
Par Wajdi Msaed
Un déjeuner de presse a été organisé, lundi, conjointement, par le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) et l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) pour donner des éclaircissements sur la 5e conférence ministérielle du Réseau arabe pour l’intégrité et contre la corruption (Acinet) qui tient ses assises à Tunis sous le thème : «Le renforcement de la redevabilité pour le développement durable dans la région arabe».
Le renforcement des capacités
C’était aussi l’occasion de présenter le panel d’experts que l’INLUCC , appuyée par le Pnud, a prévu de réunir, en marge de cette conférence, en vue de discuter et d’approfondir l’analyse sur les dispositifs à mettre en œuvre pour l’opérationnalisation des actions proposées dans le cadre de la stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Prennent part à ce panel de hauts fonctionnaires des ministères tunisiens concernés, des parlementaires membres de la Commission de la réforme administrative, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et du contrôle de l’argent public.
Ledit panel, qui a bénéficié de l’expertise de l’Acinet, a enregistré aussi la participation de représentants d’organismes nationaux de lutte contre la corruption, d’organisations et instances internationales et de représentants de la société civile, des médias et du secteur privé. C’est une occasion pour les participants d’examiner les expériences comparées en les rapprochant des données spécifiques nationales aux niveaux politique, économique, social, juridique, institutionnel et en matière de gestion et d’évaluation des politiques publiques.
Arkan El-Seblani, directeur à l’Acinet, a déclaré que son organisme, qui a été lancé le 30 juillet 2008, œuvre à faciliter les échanges d’informations et d’expériences entre les pays membres, ainsi qu’au renforcement des capacités en rapport avec ses domaines d’intérêt.
Mettant l’accent sur l’étroite collaboration de l’Acinet avec la Ligue des Etats Arabes et des institutions internationales telles que l’OCDE et le Pnud, M. El-Seblani a précisé que la rencontre de Tunis, dont l’ouverture officielle des travaux a été présidée par le chef du gouvernement Youssef Chahed, regroupe 200 participants dont 20 au niveau ministériel et des représentants de la société civile, qui vont discuter et examiner notamment le 16e point parmi les 18 constituant le programme des Nations unies, relatif au développement durable.
Evoquant le volet de la coopération avec la Tunisie, le responsable de l’Acinet a déclaré que ce réseau a apporté sa contribution au développement de plusieurs projets de loi notamment ceux relatifs aux lanceurs d’alerte, à l’enrichissement illicite, au conflit d’intérêt…
El Kebir Mdarhri Alaoui, à gauche.
Une stratégie à deux axes
De son côté, El Kebir Mdarhri Alaoui, représentant, résident adjoint du Pnud en Tunisie, a révélé que la stratégie de travail adoptée en Tunisie repose sur deux axes principaux. Le premier se rapportant au chapitre institutionnel relatif à la contribution à apporter en matière d’études, de logistique et de réglementation, faisant savoir que l’approche appliquée s’est basée en premier lieu sur les secteurs qui ont subi les réformes requises et sur trois îlots représentatifs, à savoir les commissariats de police relevant du ministère de l’Intérieur, en vue de développer la police de proximité en essayant de labéliser ces unités qui sont actuellement au nombre de 6 et qui seront une dizaine dans un proche avenir. Le 2e îlot concerne les municipalités en agissant sur la manière de gérer d’un échantillon de 3 municipalités, petite, moyenne et grande de taille, et sur les procédures suivies dans l’élaboration des programmes de développement. Quant au 3e îlot, il a trait aux hôpitaux et aux services douaniers en axant l’effort sur le centre frontalier de Ben Guerdane, le port de Radès et le centre de fret à Tunis.
«Lutter contre la corruption n’est pas une tâche impossible», a estimé M. Alaoui, qui enchaîné : «Que l’on procède à la casse ou au vaccin, on y parviendra, mais nous préférons la solution médiane qui concilie les deux alternatives».
Abordant le 2e axe sur lequel repose la stratégie de travail révélée, M. Alaoui a souligné, dans ce cadre, l’importance du rôle à assumer par la société civile, à savoir les ONG, le secteur privé et les médias. «Ces derniers bénéficieront de cycles de formation spécifique en matière d’investigation», conclut le représentant du Pnud, qui ajoute que «le gouvernement tunisien est très engagé dans cette perspective et aucune résistance n’a été manifestée de sa part».
Notons que l’Acinet compte actuellement 47 membres de 18 pays arabes outre les membres observateurs et les représentants de groupes non gouvernementaux. Sa présidence, actuellement assurée par le ministre libanais de la Justice, doit être transmise à la Tunisie à la clôture des travaux de la conférence, qui se déroule du 5 au 7 septembre courant à Tunis.
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