Le lancement du nouveau fonds d’investissement AfricAmen a été annoncé au cours d’une cérémonie tenue mardi au siège d’Amen Bank à Tunis.
Par Wajdi Msaed
Il s’agit d’un fonds commun de placement à risque d’un montant de 30 millions de dinars tunisien (MDT) souscrit par Amen Bank (AB), la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Poulina Group Holding (PGH) et la Société tunisienne d’assurance et réassurance (Star).
Géré par Amen Capital, ce fonds, dont le montant a été sous-estimé par certains présents, a pour mission d’apporter des financements aux entreprises tunisiennes ayant un modèle économique établi et souhaitant accélérer leur développement sur les marchés porteurs de l’Afrique subsaharienne.
Pourquoi l’Afrique?
La réponse à cette question a été donnée par Ahmed El-Karam, président du directoire d’Amen Bank, dans son allocution de bienvenue. Le continent noir représente l’avenir pour la Tunisie, de par sa force démographique, sa croissance économique, son développement urbain et l’importance des investissements qu’il attire. «Il faut que l’on s’intéresse davantage à ce continent qui a une image positive de la Tunisie», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Nous avons tardé à nous y implanter et la stratégie que nous avons adoptée pour le faire est basée sur quatre axes : une diplomatie plus active avec l’augmentation du nombre de représentations diplomatiques, la proximité avec le renforcement des dessertes aériennes et maritimes, une bienveillance accueillante vis-à-vis des Africains séjournant parmi nous pour étude, santé, tourisme, affaires ou autres, et, enfin, une présence financière forte grâce à ce mécanisme, en attendant l’implantation de succursales de banques tunisiennes sur le continent».
«Par ce genre de mécanisme financier, qui a fait ses preuves de par le monde, nous voulons faire de la Tunisie une passerelle entre l’Afrique et le Maghreb, le monde arabe et la région méditerranéenne», a ajouté le président du directoire d’Amen Bank.
C’est Walid Chaouch, DG d’Amen Capital, qui s’est chargé de présenter les caractéristiques de ce mécanisme et les avantages qu’il offre aux investisseurs. L’objectif d’AfricAmen est de fournir aux entreprises tunisiennes le financement en capital et l’accompagnement nécessaire pour le développement des exportations, la création de filiales ou la réalisation d’opérations d’extension en Afrique. «Le fonds peut intervenir soit directement dans le capital des sociétés tunisiennes, soit en partenariat avec celles-ci, dans le cadre de joint-ventures dédiées aux activités à l’international», a-t-il précisé.
Le Fonds intervient à travers le financement des fonds propres ou des quasi-fonds propres (obligations convertibles, compte courants d’associés), avec un montant pouvant aller jusqu’à 4,5 MDT. En outre, les entreprises clientes d’AfricAmen bénéficieront d’un large réseau de partenaires en Tunisie mais également en Afrique, grâce à l’appui du groupe de financement panafricain Alios Finance, récemment acquis par le groupe Amen et présent dans 9 pays africains.
Boutheina Ben Yaghlane, DG de la CDC, a fait part, de son côté, de sa confiance totale dans la réussite de cette initiative, qui ouvre une porte sur l’Afrique et confirme l’engagement de la CDC envers le continent à travers des investissements directs, mais aussi par une ligne de financement indirect dédiée aux entreprises tunisiennes opérant sur les marchés africains.
Une initiative longtemps attendue
Abdelwahab Ben Ayed, président de PGH, a tenu à rappeler que la première ligne de crédit accordée aux entreprises tunisiennes sur l’Afrique subsaharienne remonte à 1968, mais «les échecs qui ont accompagné cette expérience l’ont empêchée de se poursuivre», a-t-il expliqué. «Nous y revenons aujourd’hui parce que l’Afrique est plus prometteuse», a-t-il ajouté, en assurant que «le fonds AfricAmen facilitera, à coup sûr, la tâche des entreprises dans leur course vers les marchés extérieurs».
Lassaad Zarrouk, Pdg de la Star, s’est félicité, lui aussi, de la concrétisation de ce projet, assurant que la Star, en plus de son engagement sectoriel, a une responsabilité économique et, dans ce contexte, elle sera toujours aux côtés des investisseurs pour les aider à relever le défi et à réussir dans leurs projets sur le continent.
Bassem Loukil, président du Conseil d’affaires tuniso-africain (TABC), qui a une profonde connaissance des marchés africains, a affirmé, pour sa part, que ce nouveau-né était très attendu par les hommes d’affaires tunisiens qui en ressentaient le manque, d’autant que des pays concurrents sont déjà dotés de mécanismes pareils au service de leurs entreprises. «Nous devons nous implanter en Afrique, à l’instar des Turcs et des Marocains, et ce fonds va certainement participer au renforcement de la présence tunisienne dans cette région du monde, appuyée par un capital de sympathie que les Africains vouent au peuple tunisien», a-t-il affirmé.
«Cet élan vers l’Afrique ne peut réussir sans un accompagnement financier adéquat», a estimé Salah Essayel, président du Conseil du marché financier (CMF). «Accompagner les entreprises c’est accroître leur productivité», a-t-il ajouté, en soulignant le rôle déterminant d’une expertise financière confirmée dans le développement de l’investissement tunisien, en Tunisie et à l’extérieur.
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