Il ne faut pas confiner la musique autrichienne à la valse, aux violons et aux grandes formations. Le duo Aliada en a présenté des facettes inattendues.
Par Anouar Hnaïne
Samedi dernier, les trombes d’eau inattendues n’ont pas découragé le public qui a fait le déplacement à la colline de Carthage pour découvrir un saxophoniste et un accordéoniste. Gerhard Weinberger, ambassadeur d’Autriche, parlera d’«un mariage de deux instruments».
Randonnée sur les pentes de la musique classique
Le duo Aliadia est composé de Bogdan Laketic, originaire de Pologne, Micha Knot de Serbie. Le premier joue de l’accordéon chromatique, l’autre du saxo. Et ce duo avec ses instruments ne joue pas dans le style bal musette, il en est même loin : il randonne sur les pentes de la musique classique dans un programme incluant Vivaldi (1678-1741), Edvard Grieg (1843-1907), Krzytof Penderecki (1933), Manuel De Falla (1876-1946) et Béla Bartok (1881-1945). Cela semble à priori curieux. Le saxo étant un instrument d’invention récente (breveté en 1846) et l’accordéon n’est pas pratiqué dans la musique dite «savante». Le public attendait ce que l’arrangement et l’interprétation allaient donner. Il n’a pas été déçu…
Un concerto en sol mineur de Vivaldi revisité, six courts mouvements pour violons du Largo à l’Allegro en passant par le Fantasmi-Presto pour violons : cela semble étrange pour l’oreille qui connait le morceau. On prête un peu plus d’attention; on oublie les sons des violons d’origine; on remonte le temps équipé des accords du saxo, équipé des notes de l’accordéon sans à priori, et on se trouve pris au jeu sans efforts. Ça mord !
Bonheur et insouciance, pleurs et lamentos
Cinq mouvements de la ‘‘Suite Holberg’’ de Grieg dont une sarabande enjouée et une gavotte à faire danser, trois miniatures de Penderecki, chantant à souhait.
Knot change le bec du saxo «alto», annonce-t-il : morceaux populaires chantant de De Falla (‘‘Siete Canciones popupares espanolas’’), Andalousie, Asturies… voyages en accordéon et saxo.
Cela ne s’arrête pas en chemin… Retour en Europe centrale, autant dire que les artistes sont chez eux. Bela Bartok clôt le concert avec des danses folkloriques roumaines, airs tziganes, bonheur et insouciance, pleurs et lamentos, folklore roumains. Comme en écho on entendrait presque Georges Zamphir souffler dans ses flûtes de Pan.
Le public est conquis, captivé par cette découverte des nouvelles couleurs ou comme le duo le déclare : «New colors of the past».
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