L’interdiction en France du port du niqab constitue une violation des droits humains des femmes musulmanes et risque «de les astreindre à rester chez elles.» C’est ce qu’a déclaré, cette semaine, le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies.
Par Marwan Chahla
Le Comité onusien, composé de dix-huit experts, qui vient ainsi prendre la défense du voile intégral, ajoute que deux citoyennes françaises musulmanes qui ont écopé d’une amende pour port de niqab devraient être dédommagées par l’Etat français et les législateurs de ce pays devraient revoir leur loi interdisant le port du voile intégral dans les lieux publics.
Le droit d’exprimer ses croyances religieuses
«La législation française porte atteinte, d’une manière disproportionnée, au droit des plaignantes d’exprimer leurs croyances religieuses», explique l’institution onusienne dans cette décision.
Le Comité étaye encore plus sa position: l’interdiction du port du niqab n’est ni nécessaire ni proportionnée, du point de vue sécuritaire ou de la réalisation de l’objectif d’un meilleur vivre-ensemble au sein de la société française. L’instance onusienne insiste aussi que la disposition légale française, «au lieu de préserver les droits des femmes portant le voile intégral, peut avoir l’effet contraire en ne leur laissant que l’option du confinement dans leurs maisons, en les privant de leur droit d’accéder aux services publics et en les marginalisant.»
En France, selon une loi datant de 2011, les femmes portant le niqab peuvent se voir infliger une amende allant jusqu’à 150 euros, soit près de 490 dinars. A l’époque, selon les estimations des autorités françaises, il y avait en France environ 2000 niqabées, sur un total d’une population musulmane de 3,5 millions.
Les autorités françaises appelées à revoir leur législation
Aujourd’hui, suite à cette décision du Comité des droits de l’Homme des Nations, les autorités françaises sont sommées, dans les six mois à venir, de revoir leur législation sur le port du niqab et de réparer le préjudice causé aux deux plaignantes sur le dossier desquelles l’instance onusienne vient de statuer.
En 2014, dans le cas d’une autre plaignante française, la Cour européenne des droits de l’Homme a soutenu la validité de la loi française.
Pour rappel, depuis l’entrée en vigueur de cette loi française sur le port du niqab, le Danemark et la Hollande ont adopté des législations similaires. En Allemagne, par contre, la chancelière Angela Merkel semble, pour l’instant, s’être contentée de soumettre au Bundestag un projet de loi allant dans le sens de cette interdiction – tant la question est épineuse et les risques d’un retour de manivelle islamiste sont grands…
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