Les pouvoirs publics et les professionnels en sont désormais convaincus: le tourisme tunisien n’a pas besoin d’un simple lifting, mais d’une refonte totale de son image, de ses structures d’accueil et de ses méthodes de promotion. Des solutions sont préconisées qui attendent d’être mises en routes…


La consultation nationale sur les résultats de l’étude stratégique pour le développement du secteur touristique à l’horizon 2016 «se tient à une étape fort délicate du processus du développement du secteur», a souligné le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, à l’ouverture de cette consultation, samedi 9 octobre, à Gammarth (banlieue Nord de Tunis), en présence de plusieurs membres du gouvernement et de quelque 700 experts et professionnels du secteur.
Cette consultation implique «une évaluation des résultats enregistrés, 50 ans durant, et la prospection des meilleurs moyens de valoriser les réalisations accomplies, de pallier les lacunes et les problématiques existantes et d’assurer au secteur un saut qualitatif devant renforcer sa capacité de résilience», a ajouté le Premier ministre.

 

Les axes de la mise à niveau
Pour relancer le secteur, des orientations ont déjà été retenues dans le programme présidentiel pour 2014. Elles consistent dans la diversification du produit, son étalement le long de l’année et sa généralisation à toutes les régions selon leurs spécificités, ainsi que la maîtrise de la commercialisation et l’amélioration du rendement de toutes les composantes de l’offre.
Les conclusions et recommandations de la consultation constitueront une nouvelle base pour une exploitation optimale des opportunités et des potentialités du secteur, dans le but de lui permettre de s’adapter aux changements et de lui conférer une valeur ajoutée.
Pour souligner la place prépondérante du tourisme dans le tissu économique et social du pays, le Premier ministre a indiqué que «le tourisme réalise 5,5% du Pib, assure 13,3% des exportations globales, emploie directement et indirectement 400.000 personnes, participe à une meilleure connaissance, à l’échelle internationale, des spécificités civilisationnelles et culturelles de la Tunisie, en l’occurrence, modération, tolérance et ouverture».
M. Ghannouchi a ensuite mis en exergue les initiatives et dispositions prises en vue de diversifier le produit touristique, notamment la création de centres de thalassothérapie (49 centres en 2009), le renforcement du thermalisme et du tourisme golfique, la réalisation de nouveaux ports de plaisance et la mise en place d’une stratégie complémentaire pour la valorisation du produit culturel.
Pour améliorer la qualité des produits et services, un programme de mise à niveau des établissements hôteliers a également été mis en place. 157 entreprises y ont adhéré en 2009. 79 plans ont également été adoptés pour une capacité d’hébergement de 41.000 lits et pour un montant d’investissement de 136 millions de dinars.
Une nouvelle impulsion a été donnée au système de formation professionnelle à travers la restructuration de l’Institut supérieur de l’hôtellerie (Ish), la mise en place d’une cellule d’ingénierie de la formation et de formation des formateurs et de programmes de formation selon l’approche par compétence dans nombre de centres spécialisés.

Remédier aux lacunes et faiblesses
Autant les réalisations accomplies reflètent la qualité et la richesse de l’expertise acquise en la matière, autant il faut reconnaître que des insuffisances et problèmes demeurent et doivent être solutionnées pour relancer le secteur, l’aider à s’adapter aux changements et à relever le défi de la concurrence qui se renforce à tous les niveaux.
L’étude stratégique pour le développement du secteur, a relevé le Premier ministre, a permis d’identifier un ensemble de lacunes, notamment la faiblesse des recettes par touriste par rapport aux pays concurrents, le manque de diversification du produit encore basé sur le balnéaire, la vétusté de plusieurs établissements et leur non-conformité aux standards internationaux, la faiblesse de la qualité des prestations, la non-adéquation de la formation aux besoins et l’efficacité limitée des campagnes publicitaires et de marketing, sans parler du boulet de l’endettement qui handicape le secteur, de nombreux promoteurs n’honorant pas leurs engagements vis-à-vis des banques.
Pour remédier à tous ces problèmes, les efforts seront axés, au cours de la prochaine période, sur l’optimisation de l’exploitation des infrastructures, la promotion des zones comme étant des destinations spécifiques avec des campagnes de marketing adaptées, la diversification des produits, l’adaptation de l’offre à une demande en constante évolution et la variation des modes d’hébergement.
Développer des produits, conquérir des marchés
Les produits golfe et plaisance seront ainsi renforcés à travers la création de nouveaux pôles conformes aux normes internationales. La Tunisie continuera a été promue comme étant une destination de tourisme de santé, ce qui nécessitera la mise à niveau des différents centres de thalassothérapie et stations thermales.
Les tourismes culturel, environnemental, saharien et de congrès continueront aussi à être développés comme des créneaux spécifiques, mais complémentaires.
Outre la poursuite de la promotion des ressources humaines à travers la consolidation des spécialités conformément à l’évolution de la demande, des efforts seront aussi déployés en matière de promotion et de commercialisation, de manière à donner une nouvelle image de la destination, plus conforme à ses potentialités. A cet effet, une stratégie promotionnelle basée sur l’utilisation de nouvelles technologies de communication (Tic) sera élaboré. Le but étant de conquérir des marchés lointains, notamment asiatique et américains, mais aussi arabes.

Un meilleur partenariat public et privé
Les débats qui ont suivi l’allocution du Premier ministre ont été riches en idées et recommandations. Les participants ont ainsi souligné que la promotion du tourisme nécessite l’ancrage des principes de la bonne gouvernance. Ils ont mis l’accent sur l’importance d’adopter une stratégie touristique qui transcende l’unité hôtelière pour englober aussi son environnement extérieur (économique, culturel, social, environnemental…).
Tout en soulignant que la promotion du secteur incombe en premier lieu aux professionnels, les participants ont mis le doigt sur ses carences: dominance du produit balnéaire impliquant une forte saisonnalité, manque de diversité au niveau de l’offre d’hébergement, vétusté des unités hôtelières et leur dépendance des tours opérateurs européens.
Les hôtels, qui ont longtemps bénéficié des différentes incitations accordées par l’Etat, doivent aujourd’hui se prendre en charge et fonctionner comme des entreprises économiques à part entière, qui cherchent à améliorer leur compétitivité et à mettre en place des stratégies de marketing favorisant l’utilisation des Tic.
Mohamed Belajouza, président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (Fth) a, à cet égard, appelé à la mise en place d’un partenariat efficient entre les secteurs public et privé et à la création d’une organisation nationale indépendante dont la mission consiste à soutenir les efforts de l’Etat en matière de promotion du produit touristique national.
Le ministre du Tourisme, Slim Tlatli, a rappelé les objectifs du secteur: accueillir 10 millions de touristes à l’horizon 2014, doubler le nombre de nuitées passées par les Tunisiens et d’atteindre 5 milliards de dinars de rentrées touristiques, contre 3,461 milliards en 2009.
Le XIIe plan de développement (2010-2014) prévoit, par ailleurs, l’aménagement de 16 zones touristiques sur une superficie de 1.926 hectares. La capacité d’hébergement, estimée à 238.000 lits, sera augmentée de 85.000 lits.

Synthèse: I. B.

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