Police, je ne vous aime pas et si vous n’êtes pas prête à changer, nous le peuple vous ferons changer!
Par Dr Lilia Bouguira
Je me trouve à encore écrire sur la liberté dans ce pays dont je meurs chaque jour un peu plus mais dont je vis et renais la minute d’après encore plus têtue et plus accro que jamais.
J’ai vu fusionner, depuis la lecture de Zak, mon fils, dans son témoignage si poignant et tellement douloureux de cette Tunisie nouvelle, des commentaires encore plus attestant de la virulence de la police et de ses méthodes qui ne changent pas même que ce soit sous Bourguiba, Ben Ali, Ghanouchi, Caïd Essebsi et maintenant Ennahdha.
J’aime à croire que cela fait partie de toute transition, qu’il ne s’agit que d’une débâcle diarrhéique et qu’il y aura par la suite une disparition totale par éviction de toute particule relevant de l’ancienne dictature.
J’aime à croire que le témoignage des filles sur le net, leur peur du policier à leur égard surdimensionnée, comme le serait le déploiement de force des policiers sur mon fils samedi avant-dernier le fruit d’initiative de flicaille personnelle démesurée non commanditée par les détenteurs de la loi, soit Lârayedh et compagnie.
J’aime à croire qu’il y aura une suite aux deux procès intentés par mon fils contre les forces de l’ordre lors de son arrestation pour avoir osé filmer des flics brutalisant des civils et contre ce ministère de douleur et de répression.
J’aime à croire qu’il y aura également, suite aux violences faites sur les manifestants du 9 avril, et que les larmes de certains ne seraient pas de crocodile.
J’aime à croire que mon pays n’a rien à voir avec la wahhabisation ou l’afghanisation, ni avec les rêves des loups de Yasmina Khadra.
J’aime à croire que nos jours futurs seront faits de jours meilleurs moins frileux, moins ombragés, plus ensoleillés et surtout plus libres, ne sentant plus les magouilles ni les vacheries de nos policiers qui ne changent pas.
J’aime à croire qu’un jour viendra et que nos peurs d’enfants ne seront plus faits de ghoules et de bouliss, comme nous menaçaient nos aînés, mais d’hommes de loi et de sécurité véritables qui ne nous terroriseront plus et ne nous frapperont plus.
J’aime à croire que demain le policier sera à mon service et non à mes sévices, qu’il sera mon libérateur et non mon répresseur avec cette manne de fer et de feu, de haine et de rejet pour les gens qu’il est sensé sécuriser.
J’aime à croire que tout ce qui nous est arrivé jusque là à ma petite famille et à mon fils surtout n’est point un acharnement mais l’exorcisation d’un mal être populaire pour en faire une première afin de mieux juguler l’hémorragie et de traiter l’abcès.
J’aime à croire que nos gouverneurs se rattraperont en se mettant à l’affût de ces débordements policiers en les rendant punissables de tels agissements et en les poussant à démissionner de ces comportements pour se rapprocher du peuple et le servir et non l’asservir comme ils continuent à le faire.
Du chantage sécuritaire contre une violence policière sans précédent pour asseoir de nouveau leur autorité.
A tout cela, je continuerai à crier «non» et à hurler: police, je ne vous aime pas et si vous n’êtes pas prête à changer nous le peuple vous ferons changer!
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