Les Nahdhaouis doivent faire preuve d’humilité et, surtout, ne pas se comparer à l’une des plus grandes légendes vivantes du 20e siècle! Ce serait une offense… au bon goût.

Par Moez Ben Salem


 

Il n’est de secret pour personne que de nombreux Nahdhaouis ne doivent leur présence au sein du gouvernement qu’à une légitimité pénitentiaire, ce qui explique leur incompétence et, par conséquent, leur échec annoncé.

Certains d’entre eux tentent de justifier cette présence en tentant d’établir un parallèle avec le cas de Nelson Mandela qui, après avoir passé 27 années en prison, est parvenu à devenir le premier président noir de l’Afrique du Sud. Il se trouve que la comparaison est totalement injustifiée et ce pour les raisons que l’on va étayer dans les lignes qui suivent.

Nelson Mandela n’a pas de sang sur les mains

Contrairement au mouvement Ennahdha sur lequel pèsent de lourds soupçons d’usage de la violence à la fin des années 80 et au début des années 90, le parti de l’Anc de Nelson Mandela a entrepris de lutter contre la ségrégation raciale envers les noirs, ou Apartheid, à travers une campagne de défiance contre le gouvernement et de désobéissance civile.

Lorsqu’au bout de quelques années,  cette méthode a révélé son inefficacité, Mandela et ses compagnons de lutte ont opté pour des actes de sabotage visant essentiellement des cibles symboliques, mais à aucun moment il n’a entrepris d’attenter à la vie d’autrui. Ainsi, Mandela n’a jamais commandité d’actes de vitriolage de paisibles passants, ni d’explosion de bombes dans des hôtels, ni encore d’incendies criminels provoquant la mort d’innocentes victimes.

Mandela prônait la réconciliation nationale

Une fois sorti de prison en 1990, après une très longue incarcération de 27 années, Mandela n’a jamais cherché à se venger de ses anciens bourreaux; bien au contraire, il a cherché la réconciliation avec les dirigeants blancs, en particulier avec le président Frederic de Klerk. Ensemble, les deux hommes ont œuvré pour gommer les erreurs du passé et faire disparaitre la ségrégation raciale dont étaient victimes les noirs, ce qui a valu aux deux hommes d’obtenir le prix Nobel de la paix en 1993.
Plus tard, lorsque Mandela est devenu président de la république Sud-africaine, il a pris Frederic de Klerk comme vice-président!
A l’opposé, sous nos cieux, les nouveaux responsables nahdhaouis font preuve d’un esprit revanchard fait de mépris, voire de haine à l’encontre de leurs compatriotes, comme si ces derniers étaient responsables de leurs malheurs durant l’époque de la tyrannie de Ben Ali.
Il suffit d’écouter leurs propos lors de leurs interventions télévisées pour s’en rendre compte!

Mandela a été élu par le peuple sud-africain

En 1994, lors d’un scrutin historique, Nelson Mandela a été élu démocratiquement et avec une large majorité comme premier président noir de l’Afrique du Sud.
Les dirigeants nahdhaouis, quand à eux, ne cessent de répéter leur fameuse  litanie: «Nous formons un gouvernement légitime», oubliant au passage que, le 23 octobre 2011, le peuple tunisien a voté pour des membres d’une Assemblée nationale constituante (Anc) et non pour un gouvernement !
Leur légitimité n’est donc que relative et surtout… provisoire.

Mandela ne s’est pas accroché au pouvoir

Au bout d’un mandat de 5 ans à la tête de l’Etat, Nelson Mandela n’a pas cherché à rempiler; il a préféré céder sa place à la tête de l’Anc à son dauphin Thabo Mbeki, qui sera élu président en 1999.
Mandela quitte donc la scène politique la tête haute, pour se consacrer à de nobles causes humanitaires à travers le monde.
A l’inverse, du côté d’Ennahdha, on cherche à s’accrocher au pouvoir par tous les moyens, en préparant par exemple le terrain à un éventuel futur truquage des élections, par des nominations partisanes à des postes clés de l’administration.

Mandela ne s’est pas auto-indemnisé

Après sa libération de prison, le plus célèbre prisonnier politique au monde n’a pas cherché à être indemnisé; il avait certainement l’intégrité morale nécessaire pour considérer que son long combat contre l’injustice que représentait la ségrégation raciale ne méritait pas d’être monnayé. Et ce contrairement aux anciens prisonniers appartenant au mouvement Ennahdha qui cherchent à commettre un véritable hold-up sur les caisses d’un Etat fortement fragilisé par une conjoncture économique fort délicate. Drôle de comportement de la part de personnes qui se présentent comme «défenseurs de la morale»!

Mandela a réalisé une grande œuvre

Par son courage et son sacrifice, Nelson Mandela a pu réaliser l’œuvre de sa vie: la naissance d’une nation sud-africaine, dans laquelle se côtoient noirs et blancs et qui deviendra une véritable puissance régionale, citée en exemple par son dynamisme économique.
Les Nahdhaouis, quand à eux, n’ont réalisé rien de bon. En plus de 5 mois, ils n’ont fait que diviser la société tunisienne en «bons et mauvais musulmans». Par leur incompétence, ils ont aggravé la situation économique, pour employer un euphémisme. Ils ont terni l’image de la Tunisie à travers le monde, en permettant à un groupe d’extrémistes religieux de sévir en toute impunité, et pour comble, l’un des ministres nahdhaouis a osé affirmer: «Ce gouvernement est le meilleur de l’histoire»!

Les Nahdhaouis n’ont vraiment pas de quoi pavoiser ; ils doivent faire preuve d’humilité et effectuer un long travail de remise en question. Entretemps, ils ne doivent pas se comparer à l’une des plus grandes légendes vivantes du 20e siècle! Ce serait une offense… au bon goût.

Articles du même auteur dans Kapitalis:

Dix raisons de croire que les Tunisiens ne vivent pas dans un Etat de droit

Dix raisons de croire que les Tunisiens ne vivent pas dans un Etat de droit

Tunisie. Le 5e congrès du Pdp ou la chronique d’un fiasco programmé

Tunisie. Que va faire Ennahdha de son programme irréalisable?

Que fait encore «Rafik Lagaffe» à la tête de la diplomatie tunisienne?

Tunisie. Et si le diable était niché sous un niqab?

La Tunisie sera-t-elle un second Iran?

Tunisie. Jebali-Mac Cain, le sens d’une accolade

Le prédicateur Wajdi Ghanim en terrain (presque) conquis en Tunisie