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La Tunisie piégée par Ennahdha

Le double langage des islamistes permet aux dirigeants d’Ennahdha de tenir un discours consensuel dans les médias et de lâcher, en sous-main, leurs chiens.

Par Rachid Barnat

A-t-on remarqué qu’après chaque assassinat politique, attentat terroriste, meurtre de soldats, de policiers, de civils et de touristes…, les premiers à envahir les plateaux TV et les studios des radios sont les Frères musulmans d’Ennahdha?

Comme pour dire aux Tunisiens «hani maa’kom, la tchokko fia!» (Je suis avec vous au cas où vous douteriez de moi!).
C’est ce qu’ils ont fait après l’assassinat de Chokri Belaïd et après tous les autres drames survenus en Tunisie depuis, avec leur complicité, active ou passive.

Et plus les faits sont graves, et plus leurs représentants sur les plateaux TV… sont haut placés dans la hiérarchie de la confrérie… réservant l’ultime recours, à la «sortie» de leur gourou Rached Ghannouchi pour «calmer» les esprits, qui souvent fait machine-arrière ou dit le contraire de ce qu’il disait… par pure stratégie, car on sait qu’il n’a jamais dévié et ne déviera jamais du projet des Frères musulmans tenus par un programme immuable depuis sa rédaction par Sayed Qotb.

Tiendraient-ils leur culot et leur arrogance du soutien que leur apportent les Américains, les Européens et leurs amis pétro-monarques… contre la volonté des Tunisiens qui les ont dégagés démocratiquement du pouvoir?

Qui peut encore croire ces hypocrites?

Tout le monde se souvient de leur rôle dans la montée de l’extrémisme religieux et de son corollaire, le terrorisme, en Tunisie, du cirque de Ali Larayedh (ex-ministre de l’Intérieur) pour exfiltrer Abou Yadh, le chef de l’organisation terroriste Ansar Charia, des filières de recrutement, d’endoctrinement de la chair à canon tunisienne pour le compte de l’émir du Qatar, le vrai patron d’Ennahdha et de son satellite, le Congrès pour la république (CpR), de l’ex-président provisoire Moncef Ghannouchi, et leur principal bailleur de fonds…

En tous les cas, les Tunisiens ont fini par comprendre que le terrorisme dont ils sont victimes actuellement est le prolongement de celui qui a ensanglanté leur pays dans les années 70-80 et qui était le fait de ceux-là mêmes qui paradent, aujourd’hui, sur les plateaux TV et accaparent l’antenne avec des discours aussi creux que faux, sur la liberté, la révolution, l’indépendance, la république, la démocratie, les droits de l’homme… bref toute une litanie de valeurs auxquelles ils n’ont jamais crues et auxquelles ils ne pourront jamais croire car elles sont contraires à leur culture dogmatique fondée sur l’intolérance et la violence.

Qui pensent-ils encore tromper par leurs «condamnations» des attentats terroristes, que leurs troupes ne se gênent pas de fêter ouvertement dans les mosquées, les réseaux sociaux et les réunions internes?

Leurs alliés, aussi bien Américains qu’Européens, idiots utiles ou fieffés manipulateurs, persistent pourtant à vanter leur islamisme «modéré» et à donner crédit à leur prétendue «modération»… à moins qu’ils ne feignent d’y croire dans le cadre d’une stratégie impérialiste de destruction du Grand Moyen Orient, que l’ancienne secrétaire d’Etat Condoleeza Rice a résumée dans son fameux concept de «désordre créateur».

L’un des rares membres du gouvernement à avoir dénoncé les islamistes dans les médias, en rappelant leur violence et leur terrorisme durant leurs années de pseudo-militantisme, c’est l’actuel ministre de l’Education nationale, Neji Djelloul ! Lui, au moins, les connait très bien pour avoir étudié, en tant qu’historien, leur mouvement, sa formation, son évolution et ses méthodes.

Ennahdha et les salafistes : même combat

Alors que le discours de la plus part des membres de Nidaa Tounes à l’égard des Nahdhaouis, est toujours consensuel, genre «Embrassons-nous, Folleville!»…

Quand donc certains vont-ils enfin comprendre qu’il n’y a pas de différence de fond entre Ennahdha et les salafistes, tous jihadistes par vocation? Qu’il n’y a qu’une différence de tactique, les deuxièmes servant de bras armé (ou, au mieux, d’épouvantail) aux premiers.

Les deux nébuleuses ont exactement la même idéologie faite de condamnation des valeurs de l’Occident, de volonté de créer une nation (oumma) où la liberté sera supprimée et qui sera régie par la charia, dans le cadre d’un utopique califat qu’ils veulent tous restaurer.

Souvenons-nous des déclarations de l’ex-secrétaire général d’Ennahdha, Hamadi Jebali, à propos de l’avènement prochain du 6e califat, lors d’un discours électoral à Sousse, en 2011 !

La différence est simplement qu’Ennahdha a choisi l’entrisme, en poussant ses pions, en infiltrant tous les rouages de l’Etat pour le miner de l’intérieur et le détruire en vue de préparer la restauration du califat, en islamisant petit-à-petit la société tunisienne par la diffusion du wahhabisme qui fonde leur action politique, selon la méthode des étapes, alors que les salafistes, impulsifs et impatients, veulent arriver plus vite aux mêmes résultats par la violence.

Dès lors, il est clair qu’en laissant quelque pouvoir à Ennahdha, on alimente, indirectement, la violence, les Nahdhaouis étant, souvent, derrière les protestations violentes dans certaines régions du pays, qui sont, on le sait, menées par leurs troupes. Le double langage, dont les islamistes sont passés maître, permet aux chefs de tenir des discours mielleusement consensuels dans les médias et de lâcher leurs chiens en sous-main.

Tout ça pour dire que Nidaa Tounes, par son alliance  avec Ennahdha, porte aussi une grande responsabilité dans la montée de la violence en Tunisie. Et c’est pourquoi il déçot de plus en plus les électeurs qui l’ont porté au pouvoir.

Blog de l’auteur.

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