Six mois après sa mise en place, le gouvernement Essid donne l’impression de faire du surplace et de broyer du vent.
Par Mohamed Chawki Abid*
Après la clôture de son premier semestre d’exercice, le gouvernement Essid a livré des prestations médiocres sur le plan socio-économique, et semble confirmer son engagement sur une voie périlleuse marquée par l’érosion de la souveraineté et l’enlisement dans la dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds et des pays occidentaux.
Des réformes pour quoi faire ?
Au-delà de leurs faibles réalisations tant en terme de développement régional qu’en terme de maîtrise des grands équilibres, la plupart des ministres concernés par le volet économique passent le plus clair de leur temps dans leurs bureaux à signer des parapheurs, ou à valider des projets de textes législatifs, ou encore, à s’entretenir avec les représentants des chancelleries influentes.
Conformément aux exigences du FMI, plusieurs projets de lois viennent d’être soumis à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour être promulgués très prochainement : code d’investissement; loi sur le partenariat public privé (PPP); loi sur la concurrence; loi sur les faillites (AMC) et loi de finance complémentaire 2015, sans que celle-ci intègre les mesures d’étalement de la charge fiscale sur l’ensemble des contribuables comme prévu dans le plan de réforme fiscale (loi de finances «light»).
D’autres projets sont en préparation : réforme du secteur bancaire; décrets d’application à loi des énergies renouvelables; amendement du code des hydrocarbures; restructuration des caisses sociales; accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) avec l’Union européenne; reconfiguration des entreprises publiques; externalisation des services publics, etc.
Il est quand même inquiétant qu’aucune consultation nationale n’a été organisée, mise à part le projet de réforme fiscal dont la forme définitive a été fortement consensuelle mais n’a pas été soumise à l’Assemblée pour approbation.
Les politiques aux abonnés absents
Il est également préoccupant que les partis politiques représentés à l’Assemblée n’aient pas émis de position officielle sur la tendance entreprise par le gouvernement dans la mise en œuvre des réformes imposées par les IBW et recommandées par les pays «amis».
Parallèlement, le seul phénomène d’ordre économique qui prospère à un rythme accéléré est la malversation, dans toutes ses formes : évasion fiscale, fraude administrative, traficotage douanier, contrebande de produits illicites, trafic de devises, blanchiment d’argent, abus de biens sociaux, prédation des richesses naturelles, infractions dans le secteur des hydrocarbures, corruptions, etc.
Espérons que le chef de gouvernement puisse faire le point sur les performances des uns et les défaillances des autres, pour ériger une configuration efficiente de son nouveau cabinet avec des membres dévoués et intègres.
* Economiste-ingénieur.
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