Dans les dernières mesures antiterroristes prises par le Conseil supérieur de sécurité nationale, aucune ne concerne les secteurs monétaires et financiers.
Par Walid Balti*
L’attentat terroriste contre le bus de la garde présidentielle, le 24 novembre 2015, qui a coûté la vie à 12 agents et a été revendiqué par les fanatiques de Daêch, a donné lieu à 14 décisions issues de la réunion du Conseil supérieur de sécurité nationale (CSSN) présidée, mercredi, par le président de la république Béji Caïd Essebsi, et qui s’inscrivent dans la guerre contre le terrorisme, dont le bilan a été particulièrement lourd depuis l’attentat du musée de bardo, le 18 mars 2015.
Le changement du mode opératoire des fanatiques de Daech impose plus de vigilance, mais il est à remarquer que les décisions prises par le CSSN ne concernent que l’aspect sécuritaire de la lutte antiterroriste et qu’aucune mesure monétaire, financière ou budgétaire n’a été annoncée pour éviter le crash-down de l’économie nationale.
On remarquera aussi que la réunion du Conseil des ministres, qui s’est déroulée le 25 novembre 2015, à la Kasbah, a été marquée par l’absence du gouverneur de la Banque centrale et par le silence assourdissant du ministre des Finances. La lutte contre le terrorisme n’a-t-elle pas aussi un volet financier ?
Une gestion globale de la crise vise à rétablir la confiance, sauvegarder le système financier et éviter une dépression économique.
Le gouvernement doit, à priori, prendre des décisions rapidement dans un environnement de grande incertitude, de volatilité et d’information imparfaite. Ces décisions doivent concerner le secteur monétaire et financier pour éviter le pire grâce, notamment, à une gestion rigoureuse de la liquidité.
Le soutien financier apporté à un secteur ou à une activité doit consister surtout en des prêts ou garanties à court terme, plutôt qu’en subventions ou autres dépenses budgétaires directes, car une fois passée la réaction immédiate à la crise, on peut davantage se consacrer aux mesures à plus long terme.
Il est à constater que depuis les attaques terroristes qui ont frappé la Tunisie, l’économie nationale est en train de subir des impacts négatifs graves, directs et indirects, qui se sont traduits par la baisse des indicateurs de croissance économique, la non-maitrise de l’inflation galopante, la persistante du chômage, l’aggravation des déficits des régimes de retraite et de la balance extérieur, la dévaluation du dinar…
L’analyse de la situation économique dans le pays doit imposer des décisions d’ordres monétaire et budgétaire, et une politique de lutte contre le terrorisme exige aussi des décisions économiques et financières appropriées, régulatrices et susceptibles de faire éviter à la Tunisie un crash-down économique annoncé.
*Expert en matière de gouvernance et lutte contre la corruption.
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