Même quand on s’appelle Mohamed Zran et qu’on a déjà fait ses preuves, on n’est pas à l’abri d’un flop. Et ‘‘Lilia, une fille tunisienne’’ en est un…
Par Fawz Ben Ali
En plein embouteillage de films tunisiens, Mohamed Zran sort son dernier long-métrage fiction, dont il est, à la fois, scénariste, réalisateur et producteur.
Le film a été présenté en première mondiale au Festival international des cinéastes du monde à Londres (18 – 26 février 2016) et a permis à Abdelkader Ben Saïd de remporter le prix du meilleur comédien, pour son rôle dans le film.
Le public n’a pas été particulièrement transporté par le nouveau film de Zran.
Vingt ans déjà après le succès de son premier long métrage ‘‘Essaïda’’ (1996), Zran prend le risque d’emprunter un nouveau chemin cinématographique et de faire jouer des comédiens amateurs, à l’instar de Samar Matoussi, à qui il confie le rôle principal du film, celui de Lilia. «Mon nouveau film est très différent de ce que j’ai l’habitude de faire. Cette fois, j’ai employé un nouveau style d’écriture et j’ai misé sur des comédiens amateurs», explique le cinéaste.
Le casting regroupe le talentueux homme de théâtre Abdelkader Ben Saïd, Lotfi Turki, Walid Mouihbi, Najoua Miled… On note également une brève apparition de la sublime Hélène Catzaras.
Le meurtre du jeune homme
Fortement attaché à l’environnement tunisien, Zran accorde une grande importance au lieu, le premier ingrédient dans la création selon lui, où il place par la suite l’histoire et les personnages. Après le quartier populaire d’Essaïda et l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis, et Zarzis, sa ville natale, Mohamed Zran s’arrête sur la banlieue nord de Tunis pour y dresser le décor de sa dernière œuvre cinématographique.
La débutante Samar Matoussi n’a pas été transcendante dans un rôle difficile… pour elle.
Sur la musique du jeune compositeur Amine Bouhafa (lauréat du César de la meilleure musique originale pour le film ‘‘Timbuktu’’ d’Abderrahmane Sissako), Zran nous raconte l’histoire de Lilia, une fille de 18 ans issue de la petite bourgeoisie vivant avec sa mère, une jeune veuve. Une grande complicité les lie jusqu’au jour où elles tombent toutes les deux amoureuses du même homme. Les drames s’enchaînent alors avec le meurtre du jeune homme, tué par la mère, qui ne tarde pas à mourir aussi, suite à une maladie chronique.
Seule, désemparée et au bord de la crise de nerfs, Lilia tombe dans les bras d’un vieux riche et sombre dans l’alcoolisme. Sa passion pour la sculpture et son amitié avec Miloud et son ancien professeur de philosophie ne semblent l’aider à surmonter ses angoisses et les cauchemars dont elle est devenue prisonnière.
L’émotion a du mal à passer
Si la première scène du film se révèle prometteuse avec un cours de philosophie donné par Abdelkader Ben Saïd dans le rôle du professeur, questionnant sa classe terminale sur la place du corps dans la pensée de Spinoza, et bien la suite du film en est totalement déconnectée. Au fur et à mesure que l’histoire avance, la rupture se fait de plus en plus grande entre nos attentes et ce que le film laisse à entendre et à voir.
Abdelkader Ben Saïd a mérité sa récompense à Londres.
Mis à part Abdelkader Ben Saïd qui se révèle être le sauveteur du film, le jeu d’acteurs est pauvre, notamment celui de l’actrice principale Samar Matoussi, celle qui est censée porter le film. En effet, son manque d’expérience se fait terriblement sentir devant la caméra. Avec la discordance de certaines scènes et la platitude des dialogues, l’émotion a du mal à passer, encore moins, le message du cinéaste, d’ailleurs le film prend fin et on ne saisit toujours pas ce qu’il a cherché à nous dire. Comme quoi, en matière de cinéma, personne n’est à l’abri d’un flop, même quand on s’appelle Mohamed Zran et qu’on a déjà fait ses preuves.
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