Selon le ‘‘Baromètre 2016 des Entreprises en Tunisie’’ par EY Tunisie, «la situation politique, économique et sociale reste pesante sur le potentiel des entreprises».
Le rapport, publié aujourd’hui, sous le titre ‘‘Baromètre 2016 des Entreprises en Tunisie : Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises’’, indique que seuls 15% des dirigeants d’entreprises estiment que la situation politique est bonne, contre 19% en 2014.
«Malgré une stabilité politique apparente, les commentaires des dirigeants d’entreprises pointent la lenteur des réformes, l’absence d’un leadership prononcé, l’absence d’une vision stratégique sur le moyen et le long terme ainsi qu’une prise de décision plus qu’approximative comme les raisons de leur pessimisme vis-à-vis de la situation politique du pays», souligne le rapport de EY, un des leaders mondiaux de l’audit, du conseil, de la fiscalité et du droit, des transactions.
Le pessimisme ambiant se reflète à travers le regard des dirigeants d’entreprises, dont 90% estiment que la situation économique et sociale reste mauvaise pour, comme en 2014. En revanche, les dirigeants sont beaucoup moins optimistes qu’en 2014, puisqu’ils sont 49%, aujourd’hui, à estimer que la situation va se dégrader, contre seulement 22% en 2014.
«L’analyse des barrières et obstacles qui constituent un frein à l’investissement met en évidence les raisons principales qui restent du ressort des pouvoirs publics : la lourdeur administrative (pour 75% des interrogés), la corruption administrative (41%) et la législation du travail (33% des dirigeants interrogés). Les entreprises citent également le climat social général du pays (60% des interrogés) et la situation sécuritaire (57% des interrogés)», indique encore le rapport de EY.
Malgré ce pessimisme ambiant, et contre toute attente, le rapport note une tendance positive d’évolution du chiffre d’affaires. «En effet, plus de la moitié des entreprises tunisiennes (54%) connait une amélioration de son chiffre d’affaires en 2015, en légère baisse par rapport aux résultats du Baromètre 2014 (58%). Cette tendance est accentuée pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 50 millions de dinars, puisque 56% d’entre elles ont connu une amélioration du chiffre d’affaires contre 47% pour les autres entreprises», souligne, à ce propos le cabinet EY. Cependant, le quart des entreprises interrogées (24%) ont enregistré une baisse.
D’une façon générale le Baromètre 2016 met en évidence des signes d’essoufflement des entreprises ainsi qu’un glissement vers les extrêmes des pyramides. Ainsi, elles sont 14% des entreprises à avoir connu une forte amélioration selon le Baromètre 2016 (contre 8% selon le baromètre 2014). En revanche, 11% des entreprises déclarent en 2016 avoir enregistré une forte baisse de leur chiffre d’affaires alors qu’elles n’étaient que 2% selon le baromètre 2014.
Les dirigeants interviewés sont moins optimistes qu’en 2014. Aujourd’hui, près d’un 1/3 fixe l’horizon de stabilisation de la conjoncture politique, économique et sociale à plus de cinq ans, alors qu’ils n’étaient que 12% en 2014. L’autre élément marquant du Baromètre 2016 est qu’ils sont plus du 1/3 également à estimer que la stabilisation devrait survenir à l’horizon de 3 à 5 ans.
En 2014, les dirigeants avaient identifié cinq chantiers prioritaires pour améliorer le contexte économique et social. Ces piliers sont encore les mêmes en 2016, mais avec des priorités différentes.
En effet, c’était la lutte contre la corruption qui constituait la priorité 2014 pour 56% des dirigeants interrogés. En 2016, il s’agit clairement de la mise à niveau des services des administrations en liaison avec l’entreprise (douanes, BCT, etc.) pour plus de 8 entreprises sur 10.
Parmi les autres transformations prioritaires, nous citons la refonte du cadre légal et institutionnel de l’investissement et de l’entreprise, la réorientation des avantages fiscaux et la modernisation du système éducatif et de la formation.
«Le baromètre EY, désormais rendez-vous incontournable pour exprimer la voix du secteur privé, fait ressortir dans cette version 2016 le décalage fort entre la réalité et les capacités de nos entreprises pour aller de l’avant, d’un côté, et le contexte politique, économique et social qui tire encore et encore vers le bas, de l’autre. Nos entreprises résistent à toutes sortes de débâcles depuis la révolution de 2011, même si des signes d’essoufflement commencent désormais à apparaître. Malgré cela, elles continuent à faire de la croissance et à se projeter dans un avenir meilleur. Elles nous donnent de bonnes raisons d’espérer et nous font rêver de ce qu’elles sont capables de faire si les pouvoirs publics font juste ce qu’ils ont à faire», conclue le rapport.
I. B.
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