Les Ateliers mécaniques du Sahel (AMS), qui passent par une phase difficile, se restructurent pour se renforcer et se relancer sur le marché.
Par Wajdi Msaed
Au regard des résultats de l’exercice 2015, dégageant un déficit supérieur aux prévisions, les Ateliers mécaniques du Sahel (AMS) ne sont pas au meilleur de leur forme. Et pour cause. «La société peine à prendre son élan, en raison de la prolifération incontrôlée des produits contrefaits et du développement du marché informel dont la part de marché dépasse 50 %, en l’absence d’une politique de fermeté de la part de l’Etat», dénonce Bassem Loukil, président du conseil d’administration de cette entreprise considérée comme une pièce maîtresse du groupe Loukil, à l’ouverture des travaux de l’assemblée générale extraordinaire (AGE), tenus le 13 juillet, à Tunis, et consacrée à l’examen du plan de restructuration des AMS, qui vise à assurer à la société une nouvelle dynamique aux niveaux de la production et des techniques commerciales.
Vers la création de deux filiales
La situation difficile des AMS s’explique aussi, selon M. Loukil, par la conjoncture économique et financière difficile par laquelle passe la Tunisie depuis plusieurs années et qui se traduit, notamment, par les faibles taux d’investissement public et privé et par la dévaluation de la monnaie nationale (le dinar), qui a eu un impact négatif sur le coût des matières premières et, par voie de conséquence, sur la compétitivité de l’entreprise.
Le plan de restructuration proposé prévoit la création de deux filiales. La première opérera dans la production et la commercialisation de la robinetterie sanitaire et des articles de raccordement et branchement d’eau; tandis que la deuxième se spécialisera dans la production et la commercialisation des articles de ménage en inox 8/10.
La société AMS procédera, ainsi, à la cession d’une partie de ses actifs et passifs à ces deux filiales, notamment le patrimoine de la société mère, pour permettre à chacune d’elles de développer sa propre activité.
Selon le plan de restructuration, cette cession devrait «générer des plus-values susceptibles d’absorber une partie du résultat reporté de façon à pouvoir ramener les fonds propres nets à un niveau supérieur à la moitié du capital», a expliqué M. Loukil.
L’apport attendu d’un partenaire stratégique
Le constat dévoilé par le plan est que l’activité inox, qui peine à décoller, est pénalisée par l’autre branche d’activité, à savoir la robinetterie, qui a besoin d’impliquer un partenaire technique et financier capable d’ouvrir des marchés à l’export et qui a intérêt à sous-traiter avec les AMS. «Ce partenaire existe-t-il?», demande, avec insistance, un actionnaire. Bassem Loukil répond par l’affirmative sans trop donner de détails pour des raisons de confidentialité. «Ce partenaire existe et il est coté en bourse», a-t-il assuré.
Des actionnaires, qui n’ont pas montré d’enthousiasme pour le plan de restructuration et pour la séparation des deux principales activités de la société, se sont interrogés sur la politique de commercialisation et sur la qualité du management en général, laissant entendre que les mauvais résultats pourraient être expliqués aussi par ces deux facteurs.
En réponse à ces interrogations, Slah Barkallah, DG nouvellement nommé, a précisé que plusieurs actions ont été menées, notamment un relooking des catalogues des AMS, une campagne publicitaire sur 3 radios durant le mois de ramadan, un nouveau site web et des actions renforcer la visibilité de la société sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, des actions ont été menées auprès de 2 grandes surfaces de la place, dont une a passé commande pour un montant de 500.000 dinars, a-t-il ajouté.
Les actionnaires ont procédé ensuite au vote des résolutions validant le plan de restructuration qui va donner naissance à deux filiales et qui, une fois finalisé dans tous ses détails, fera l’objet d’une communication financière, fin août ou début septembre. Ces filiales, tout en appartenant totalement aux AMS, feront changer l’objet social de cette société qui sera érigée en holding.
«La séparation physique des deux activités n’est pas une mince affaire», admet le président du conseil d’administration, mais, ajoute-t-il, l’opération s’est imposée parce que l’exercice concomitant de deux activités différentes n’a pas engendré les synergies souhaité et pourrait même constituer un obstacle dans la perspective d’un partenariat stratégique?
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