L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) soutient le gouvernement Youssef Chahed, à la formation duquel elle a pris part, mais tient à garder ses distances.
Dans un communiqué publié samedi, au lendemain du vote de confiance accordé par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) au gouvernement d’union nationale conduit par Youssef Chahed, et le jour même de l’investiture de ce gouvernement lors d’une cérémonie de prestation de serment au Palais de Carthage, l’UGTT a voulu marquer sa différence et dissiper tout malentendu concernant sa position et son rôle de soutien critique.
Autant la centrale syndicale a applaudi le discours de Youssef Chahed devant l’Assemblée, qui a su, selon elle, respecter les grandes lignes du «Document de Carthage», résumant les grandes priorités nationales, autant elle refuse que le peuple soit tenu pour responsable de l’échec des politiques publiques dont il a été victime depuis des décennies.
L’UGTT a souligné que les charges des politiques publiques doivent être partagées, précisant que «les salariés ne peuvent aucunement être tenus pour responsables de l’échec des gouvernements précédents.»
Elle a, dans ce contexte, fait savoir que certaines crises, à l’instar de celle du phosphate sur laquelle a beaucoup insisté M. Chahed, sont orchestrées par des lobbys corrompus qui doivent impérativement être combattus, mettant en garde contre le risque de porter atteinte aux établissements et institutions publics.
La centrale syndicale a, par ailleurs, estimé que le nouveau gouvernement comporte à la fois des noms qui font l’unanimité pour leur compétence reconnue et d’autres qui ne conviennent pas aux impératifs de l’étape actuelle. Ces noms, a-t-elle ajouté, ont été désignés pour servir des intérêts partisans, ce qui pourrait, selon elle, «compromettre la mise en œuvre du Document de Carthage».
L’UGTT a, par ailleurs, réitéré son engagement à respecter uniquement le programme contenu dans le «Document de Carthage», faisant savoir que la prestation du nouveau gouvernement sera jugée à l’aune du respect des priorités inscrites dans ce document.
Vendredi, le chef du gouvernement avait souligné, dans un discours prononcé devant les élus du peuple, qu’il était de son devoir de dire au peuple toute la vérité sur la situation difficile prévalant dans le pays depuis cinq ans, marquée par la hausse du taux de chômage et la marginalisation croissante de plusieurs régions, quartiers populaires et catégories démunies.
Il avait indiqué, par ailleurs, que si on ne fait rien pour améliorer la situation actuelle, l’Etat serait contraint à prendre un train de mesures urgentes, d’adopter une politique d’austérité, de réduire les dépenses de l’Etat et de licencier des milliers de fonctionnaires. Une manière de mettre toutes les parties devant leurs responsabilités : si la machine de production ne reprend pas et si les grèves et les sit-in anarchiques se poursuivent, des décisions douloureuses seraient prises.
Cet avertissement était aussi lancé, bien sûr, à l’UGTT, qui a toujours soutenu, jusque-là, tous les mouvements sociaux, même illégaux et anarchiques, et notamment au bassin minier de Gafsa. La centrale syndicale n’a donc pas tardé à y réagir. Et pas de manière positive… faisant entendre sa musique habituelle.
I. B. (avec Tap)
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