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Affaire de Jemna : Une mascarade politique

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La vente aux enchères de la récolte des dattes de la ferme de la société Stil à Jemna (gouvernorat de Kébili) continue à susciter la polémique.

C’est l’Association de protection des oasis de Jemna, qui s’est chargée elle-même (et en dehors de tout cadre légal) de la gestion du domaine depuis 2011, qui a organisé, dimanche, la vente aux enchères de cette récolte, finalement cédée pour un 1,7 million de dinars tunisiens (MDT) à un homme d’affaires proche du parti Ennahdha, dont la position dans cette affaire est restée pour le moins louche et caractérisée par cette duplicité hypocrite chère aux islamistes.

La vente aux enchères a eu lieu malgré un jugement en référé rendu par le tribunal de première instance de Kébili (n° 2172 du 15 septembre 2016) sur la base d’un arrêté des domaines de l’Etat portant annulation de la première adjudication prévue le 18 septembre dernier.

Le secrétariat d’Etat aux Domaines de l’Etat et des Affaires foncières relevant du ministère des Finances avait indiqué, début septembre, que la ferme Henchir Maamer exploitée par la société Stil après l’indépendance est la propriété de l’Etat, précisant que tout contrat conclu ou toute vente des produits de la ferme n’a pas de valeur légale.

S’exprimant sur cette question, le bloc parlementaire d’Al-Horra a dénoncé lundi, dans un communiqué, l’«instrumentalisation politicienne» de ce qui s’est passé à Jemna, ce qui ne sert, dit-il, que «les intérêts partisans étriqués sans tenir compte de l’intérêt supérieur du pays et des menaces qui guettent la paix sociale». Il fait ici allusion aux partis ayant soutenu ouvertement cette opération illégale ou ce hold-up caractérisé, notamment le Front populaire, le Courant démocrate, le Congrès pour la république (CpR), le Mouvement du Peuple et même Ennahdha, dont plusieurs députés étaient présents et ont soutenu la vente.

Le groupe d’Al-Horra se dit opposé à toute pratique illégale pouvant porter atteinte aux institutions de l’Etat et faisant fi des décisions de justice. «La lutte contre la corruption ne justifie pas le fait de s’emparer des domaines de l’Etat par la force. L’Etat est seul responsable de l’exploitation de ces domaines et de la gestion des fonds publics», a averti Al-Horra, appelant à faire face à toutes les tentatives de désobéissance et d’insubordination judiciaire.

Le groupe parlementaire demande au gouvernement de prendre toutes les mesures juridiques nécessaires et les décisions pratiques et urgentes en concrétisation des intentions annoncées pour circonscrire la corruption et poursuivre les corrompus.

Des députés se sont déplacés dimanche à Jemna pour assister à la vente aux enchères controversée. Il s’agit, notamment, de Abdellatif Mekki (Ennahdha), Mohamed Ali-Bedoui et Mahbouba Ben Dhifallah (élus d’Ennahdha à Kébili), Zouhair Maghzaoui (Mouvement du Peuple), Samia Abbou (Courant démocrate), Chafik Ayadi (Front populaire) et Brahim Ben Said ( CpR).

Dans un élan populiste qui fait fi du droit, les députés présents ont exprimé leur «soutien à cette expérience de gestion collective du projet qui a permis la mise en valeur de la ferme et l’exploitation de ses ressources dans le développement de la région».

Pour Abdellatif Mekki, il faut soutenir cette expérience réussie et œuvrer à trouver une solution légale et pragmatique qui satisfait toutes les parties, préserve leurs droits et garantit la pérennité de la ferme. En d’autres termes, il était moins soucieux du respect du droit que de la légalisation d’une opération de vol caractérisé… dont allait profiter un membre de son parti. De là à dire qu’Ennahdha cherche à détruire l’Etat tunisien de l’intérieur, en s’incrustant dans ses rouages, il n’y a qu’un pas que plusieurs observateurs n’hésitent plus à faire. Et pour cause : on en a, dans cette affaire, une énième preuve.

Zouhair Maghzaoui, populiste ou idiot utile, a cru devoir critiquer le recours du gouvernement Chahed à la justice dans cette affaire sans tenter de trouver une solution; ce qui amené, selon lui, les habitants de la région à organiser la vente aux enchères malgré l’opposition du gouvernement.

Samia Abbou, toujours prête à faire feu de tout bois, n’a pas hésité, quant à elle, à faire part de son soutien au «modèle de développement réussi» (sic !) expérimenté dans la ferme de la société Stil à Jemna, pointant du doigt l’incapacité de l’Etat qui, selon elle, doit opter pour un modèle de développement capable d’impulser le développement et de doter la région des commodités nécessaires.

Une avocate, femme de droit, qui plus est députée, faisant l’apologie du vol et de la rapine, on a tout vu dans cette affaire qui constitue un grave précédent dans le feuilleton de la destruction de l’Etat tunisien.

I. B.

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