La pièce de théâtre ‘‘Femmes’’, écrite en 1958 par Robert Thomas et mise en scène par Jean-Luc Garcia, a été présentée à l’espace El Teatro, à Tunis, les 29, 30 et 31 décembre.
Par Fawz Ben Ali
Le public était au rendez-vous pour découvrir ou redécouvrir une adaptation moderne de cette pièce phare des années 60, produite par le studio El Teatro, dirigé par Taoufik Jebali.
Meurtre du seul homme de la maison
C’est avec la musique de ‘‘Vous les femmes’’ que le spectacle commence et on découvre un salon vaste où sont disposés quelques meubles. Des escaliers mènent à une porte fermée. C’est le point central de la scène et l’objet de l’intrigue, car le maître de la maison est découvert mort dans cette chambre là-haut perchée, poignardé dans le dos.
L’histoire se déroule un soir de Noël dans une demeure en pleine campagne coupée du monde, habitée par une famille bourgeoise pas comme les autres, composée de Marcel, le père, qui est le seul homme de la famille, sa femme Gaby, ses deux filles Catherine et Suzan, sa sœur, sa belle-mère, la mamie, la servante et la gouvernante.
La panique s’installe dès lors parmi ces trois générations de femmes. Elles se rendent vite compte que l’assassin se trouve parmi elles car personne n’a pu ni entrer ni sortir de la maison au moment du crime. Enfermées dans cette vaste demeure, elles décident de prendre les choses en main et de mener elles-mêmes l’enquête afin de percer le secret du drame.
Un tour de force psychologique
Les visages assaillis par le doute et les gestes troublés, elles s’avèrent toutes être de potentielles criminelles, car au fur et à mesure qu’on avance dans l’intrigue, on découvre que chacune d’entre elles aurait une raison d’éliminer le seul homme de la maison, ce personnage à la fois présent et absent car au milieu des vifs échanges, on l’aperçoit au fond de la scène, tel un fantôme habillé d’une longue cape noire. Mais il est surtout présent à travers ces histoires que chacune des femmes raconte et dont il est le centre.
La pièce est construite sur les retournements de situations où toutes les femmes sont tantôt accusées tantôt accusatrices.
La tension est perceptible dans ces affrontements verbaux qui prennent l’allure d’un tour de force psychologique. Les dialogues sont teintés d’humour et nous révèlent le caractère de ces drôles de dames. Leurs habits nous aident également à mieux discerner leurs univers très différents. La mère est habillée d’une robe noire classique et a les cheveux attachés en chignon. Derrière cette image de l’épouse et de la mère parfaite aux manières bourgeoises se cache une sainte-nitouche qui fait chambre à part et qui a même un amant.
Une atmosphère de réclusion induite par le huis-clos
Chaque élément découvert soulève un secret intime ou un douloureux souvenir et mène à une nouvelle piste; et c’est là qu’on se rend compte que ces femmes ne semblent pas affectées par la mort de Marcel mais plutôt préoccupées à échapper au scandale et à régler des comptes. Les vérités éclatent et elles apparaissent à tour de rôles sous leurs vrais visages, même la mamie s’avère être une alcoolique.
Suzon, la fille ainée qui vient de rentrer de Londres après un an d’absence, mène l’enquête et joue aux investigateurs jusqu’à ce qu’on découvre qu’elle était elle aussi là au moment du crime; elle fait désormais partie de la liste des suspectes.
La pièce nous permet de glisser dans la peau d’un enquêteur et d’interpréter les indices tout en vivant l’intrigue dont l’univers policier est accentué par plusieurs éléments comme la coupure d’électricité, le fameux thème musical à suspens de ‘‘La Panthère Rose’’ et surtout par cette atmosphère de réclusion induite par le huis-clos. Mais ‘‘Femmes’’ c’est aussi une comédie vivante et amusante où la musique et la danse sont omniprésentes, car chacune des comédiennes est associée à une chanson et une chorégraphie représentatives de leurs personnalités.
Coup de théâtre, c’est finalement Catherine, la fille cadette, qui avait mené tout le monde en bateau. Elle révèle à la fin de la pièce la clé de l’intrigue et crée la surprise finale, mais, on n’en dira pas plus…
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