A l’occasion du 6e anniversaire de la révolution du 14-Janvier, la Tunisie veut montrer le visage avenant d’un pays réconcilié, uni, ouvert et dynamique.
Par Mohamed Salah Kasmi *
La Tunisie a toujours fasciné ses visiteurs. Nourrie des différentes civilisations qui se sont succédé sur ses terres, elle est un lieu de dépaysement, d’hospitalité et de farniente. Des millions de touristes se sont émerveillés devant la beauté de ses paysages et l’accueil légendaire des son peuple chaleureux et toujours souriant.
A 140 kms de la Sicile et à 2 heures de vol de Paris, ce coin de paradis, comme disent les guides touristiques, attire les Européens grâce à ses plages de sable fin, ses étendues désertiques, ses chotts et ses oasis, ses mosquées, sa faune et sa flore, ses médinas et ses musées, son artisanat et sa cuisine, son patrimoine archéologique important ainsi que ses nombreux festivals organisés durant l’année.
Les signes d’une réelle reprise
Aujourd’hui, la question du terrorisme pèse encore sur son destin. Les attentats du Bardo, de Sousse et de Tunis, en 2015, ont fait chuter l’activité touristique de 30,8% et baisser les nuitées globales de 44,4%. Cependant, la saison 2016 a été sauvée in extremis par les Algériens, les Russes et les nationaux, qui se sont rués sur les hôtels, dont les prix ont été revus à la baisse…
D’autres secteurs d’activités ont été touchés par la régression des entrées de touristes européens, notamment français, allemands et anglais. La Tunisie a ainsi enregistré la perte de 10.600 postes dans les secteurs du transport et de la communication, au cours de l’année 2015, contre des créations de 4.400 un an plus tôt.
Un autre problème a plombé l’économie tunisienne : les mouvements sociaux qui ne s’arrêtent que pour reprendre aussitôt. Leur incidence a été très néfaste sur le rythme de production. Le secteur des mines et énergie a accusé des pertes de 6.500 postes d’emploi en 2015. Celui de l’agriculture et de la pêche en a perdu 12.000, la même année, contre des créations d’environ 9.000 en 2014.
Heureusement que cette morosité ambiante a été ponctuée, en 2016, de quelques bonnes nouvelles, notamment sur le plan sécuritaire. Il y a eu aussi un début de reprise de l’activité du transport aérien avec une hausse de 9% du trafic passagers et de 2 points du coefficient de remplissage des appareils.
Pour confirmer cette reprise, le temps est compté, alors que les observateurs internationaux ont les yeux rivés sur notre pays : la seule démocratie rescapée du printemps arabe parviendra-t-elle à triompher de ses difficultés économiques et sociales?
Triompher du «démon des Numides»
Héritière d’une histoire millénaire, la Tunisie est capable de relever les nombreux défis rencontrés. Les Tunisiens ont foi en l’avenir de leur pays fait de modernité et non de repli sur soi. C’est pourquoi, il faut dénoncer et déjouer les complots ourdis contre l’islam local, tolérant, ouvert et pacifistes, et combattre l’extrémisme religieux quel qu’en soit l’origine. Nous devons conjurer ce que le président Habib Bourguiba appelait «le démon des Numides», cette pulsion qui pousse à la désunion et aux luttes intestines. «Une maison divisée contre elle-même ne peut tenir debout», disait Abraham Lincoln.
A l’occasion de ce 6e anniversaire de la révolution du 14-Janvier, espérons que la Tunisie montrera le visage avenant d’un pays réconcilié, uni, ouvert et dynamique.
Personnellement, je garde au fond de moi non pas seulement l’espoir mais la conviction que notre peuple fera preuve d’intelligence, de réalisme et de sagesse pour éviter de décevoir ceux qui, il y a 6 ans, ont cru en lui, admiré sa soif de liberté et de justice et parié sur sa capacité à rejoindre le club des pays démocratiques.
*Ancien administrateur général et directeur central à la Cavis, puis à la CNSS, et ancien professeur d’enseignement supérieur en droit, en criminologie et en gestion des ressources humaines, et auteur de plusieurs ouvrages en français et arabe.
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