L’équipe de Tunisie «out» de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2017); une défaite logique face au Burkina Faso qui sur ce match était nettement plus fort .
Par Dr Mounir Hanablia *
La Tunisie a fait illusion durant une mi-temps au cours de laquelle elle a eu quelques opportunités, mais, fait important, elle n’a jamais pu mettre hors de position les rugueux et véloces défenseurs adverses. Les rares occasions ont été des tirs non cadrés, ou contrés, ou bien des balles croisées devant les buts adverses sur lesquelles les attaquants sont arrivés en retard. Et surtout, le meneur de jeu Tunisien, Wahbi Khazri, n’a pas eu son rayonnement habituel parce qu’il a subi de la part de la défense burkinabé un marquage de zone qui lui a laissé peu de liberté; pis encore, il s’est révélé assez juste physiquement, plutôt lent, et l’entraîneur l’a fort justement remplacé après une heure de jeu , l’équipe Tunisienne ayant depuis la 55e minute été incapable de sortir le ballon de son aire de jeu.
Kasperczak n’y croyait plus
On pourra tout de même critiquer le choix de faire entrer Hamza Lahmar, un joueur dénué de tout esprit créatif. Mais on a vite compris qu’à partir du changement de son maître à jouer, Kasperczak ne croyait plus en la victoire de son équipe et était retombé dans son vice, celui du renforcement du milieu de terrain chargé de garder le ballon le plus longtemps possible, en laissant un seul attaquant de pointe.
Bref, le Franco-polonais s’était visiblement rendu compte qu’après une heure de jeu, ses joueurs étaient lessivés et il a pensé jouer le match nul, et on a alors vu le spectacle assez irréaliste de l’équipe tunisienne faire tourner le ballon derrière en essayant de geler le jeu, à la manière de l’Argentine de Carlos Bilardo, mais bien sûr sans Maradona.
A ce jeu là, il était apparu que le premier but du Burkina ne serait qu’une question de temps. Et c’est bien ce qui est arrivé, d’abord à la suite d’un coup franc, il est vrai inexistant, ensuite sur une contre-attaque issue d’une prise de risque tout à fait inhabituelle de la défense et une sortie hasardeuse du gardien Aymen Mathlouthi qui ne faisait que confirmer l’agonie de l’équipe.
En face, l’équipe du Burkina a été impressionnante par la parfaite condition physique de ses joueurs, et leur vitesse, et leur victoire a été tout à fait méritée.
Pour conclure, l’équipe de Tunisie a eu certes un parcours honorable, mais depuis le premier match contre le Sénégal il était apparu que face à des équipes rapides, sa défense, en particulier Aymen Abdennour, serait mise sérieusement en difficulté, et cela s’est confirmé en deuxième mi-temps contre le Zimbabwe où elle a encaissé tout de même deux buts, passés inaperçus dans l’euphorie de la victoire.
Le milieu de terrain était chargé de garder le ballon le plus longtemps possible. Pour quoi faire ?
Un effondrement physique
Certes sous l’impulsion de Wahbi Khazri, l’équipe avait été capable de se créer des occasions et de marquer un nombre important et tout à fait inhabituel de buts. Mais une équipe qui mise sur l’apport d’un seul joueur ne peut pas aller très loin. Et surtout, malheureusement, le problème de la fatigue et de la récupération s’est posé dans une épreuve où il s’agit non seulement de gagner, mais de gérer ses forces et de récupérer. Cela suppose des joueurs physiquement forts, mais en plus un effectif riche que l’entraîneur pourrait faire tourner et ménager, toutes choses dont l’équipe de Tunisie est dénuée. Or en disputant pas moins de quatre matchs en l’espace de 10 jours, dans des conditions climatiques difficiles et pour eux inhabituelles, les joueurs Tunisiens n’ont visiblement pas eu l’aptitude de récupérer de leurs efforts. Il y a eu un effet cumulé de la fatigue qui explique au moins en partie la piètre prestation de l’équipe aujourd’hui. Et à ce niveau, la responsabilité du staff technique et médical paraît fortement engagée.
On ne comprend en effet pas pourquoi des équipes qui nous sont comparables telles que l’Egypte ont toujours réussi dans cette compétition, qui ne nous sourit que rarement.
Le premier but de Bancé était attendu, tant les Tunisiens était amorphes et fébriles.
De mauvais ajustements tactiques
Il reste la responsabilité du choix tactique de Kasperczak après une heure de jeu. Avec une équipe physiquement et psychologiquement lessivée à une demi heure de la fin du match, qu’aurait il pu faire? Il a certes sorti Wahbi Khazri, et beaucoup le lui reprocheront. Mais pourquoi ne l’a-t-il pas remplacé par un attaquant combatif et percutant comme Akaichi? Le plus gros reproche qu’on puisse à mon avis lui faire, c’est que, comme à son habitude, il a été incapable d’insuffler à ses joueurs cette envie de gagner et de se dépasser dans les moments difficiles, même contre un adversaire plus fort. Or il a été le premier, par ses ajustements tactiques de deuxième mi-temps, à démontrer qu’il ne croyait plus en la bonne étoile de son équipe.
Comme toujours, en finissant par jouer le match nul dans un match qu’il devait gagner , M. Kasperczak a sans doute, tel qu’on l’a connu il y a 20 ans déjà , voulu préserver avant tout son image de marque, et pas les intérêts de l’équipe qu’il dirigeait. Mais qu’espérait donc la Fédération tunisienne de football (FTF) en allant le réembaucher?
* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.
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