Une journée portes-ouvertes, dans la matinée du samedi 18 février 2017, pour que tout le monde puisse débattre de la situation de la salle Cinevog.
Par Fawz Ben Ali
L’événement a été organisé pour débattre de la situation difficile de cette salle située au Kram, dans la banlieue nord de Tunis, et des centres culturels privés en général, qui passent souvent par des difficultés de financement qui menacent leur survie.
Ce n’est pas seulement une question d’argent
Suite à la décision de Moncef Dhouïb de fermer le Cinevog, annoncée le 12 février sur sa page Facebook, les réactions ne se sont pas fait attendre. Entre incompréhension et inquiétude, la nouvelle a secoué les professionnels du secteur, les spectateurs réguliers de la salle, ainsi que les habitants du quartier, qui ont tous dit être prêts à se mobiliser pour sauver le Cinevog. D’ailleurs, un comité de soutien a vite été mis en place, présidé par l’économiste Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des Finances au gouvernement Mehdi Jomaa (2014).
Une trentaine de personnes ont répondu présent à l’appel de Moncef Douïb, comme le producteur de théâtre et actuel dirigeant du ciné-théâtre Le Rio Habib Bel Hedi, la directrice de l’espace El-Teatro Zeineb Farhat, le cinéaste et ancien directeur des Journées cinématographiques de Carthage Ibrahim Letaïef, l’actrice Hélène Catzaras ou encore la comédienne et dramaturge Leïla Toubel…
Moncef Dhouïb a commencé par remercier tous ceux qui lui avaient exprimé leur soutien indéfectible, notamment les différents acteurs de la société civile qui l’avaient aidé dès le début de l’aventure dans le financement des travaux et le réaménagement de l’espace. Il a tenu à préciser que la décision de fermer le Cinevog est venue d’une réflexion sage et rationnelle. Il ne s’agit nullement d’un chantage pour obtenir de l’argent. «D’ailleurs, je ne suis pas en train de demander de l’argent, on n’a pas de dettes, on n’est pas non plus en faillite, mais on va bientôt y êtres si les choses ne changent pas», explique-t-il.
Le cinéaste, dramaturge et metteur en scène a poursuivi en admettant qu’il a été rattrapé par un quotidien ingérable où même les films les plus récents et mondialement primés ne remplissent plus la salle. Une situation qui empire en été, car les salles de cinéma sont généralement désertées en cette période de l’année, où même les cinéphiles les plus assidus préfèrent la plage et les festivals.
Moncef Dhouib: «Je ne suis pas en train de demander de l’argent».
Un bon artiste mais un mauvais gestionnaire
«J’ai pris le risque d’avouer mon échec tout en espérant que cela se transforme en une démarche fructueuse», confesse Moncef Dhouïb. D’ailleurs, il a précisé qu’il avait passé deux mois à essayer d’obtenir un rendez-vous avec le ministre des Affaires culturelles, qui a finalement visité l’espace Cinevog, mardi 14 février. Mohamed Zinelabidine a par la suite convié le dirigeant du Cinevog à une réunion dans les locaux du ministère afin d’étudier le problème de cet espace et tenter d’y remédier.
«Je suis un bon artiste mais un mauvais gestionnaire, selon le ministre», ironise Moncef Dhouïb, qui constate que les centres culturels privés sont victimes de la discontinuité et du manque de cohérence et de continuité des politiques du ministère des Affaires culturelles, à cause du changement permanent des ministres. «On est perdu face à des discours dissemblables, voire contradictoires», ajoute-t-il.
Selon Moncef Dhouïb, les centres culturels privés en particulier ne sont pas pris au sérieux, bien qu’ils soient bien plus en phase avec l’actualité culturelle que les maisons de culture étatiques.
Le Cinevog est un espace vaste qui pourrait être mieux exploité. Il est doté d’une salle de cinéma remise à neuf, d’une terrasse, d’un café et d’une grande salle à l’étage que Moncef Dhouïb souhaite transformer en une salle de danse.
Le gérant de la salle propose un réexamen du budget du ministère des Affaires culturelles en vue d’une redistribution plus juste, insistant sur le fait qu’il ne cherchait pas d’aide financière mais qu’il espérait plutôt un partenariat avec le ministère, notamment par la distribution des œuvres qu’elle produit.
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