Bien qu’elle soit la mieux classée parmi les pays de l’Afrique du Nord en matière de liberté de la presse, la Tunisie a encore du chemin à faire dans ce domaine.
Par Belgacem Snoussi
Mercredi 26 avril 2017 a eu lieu, à l’hôtel Majestic, à Tunis, la conférence de presse pour annoncer la position des pays de l’Afrique du Nord dans le classement mondial de la liberté de la presse 2017, réalisé par Reporters Sans Frontières (RSF).
Ihsane El Kadi, journaliste directeur de ‘‘Maghreb Emergent’’, le militant Mohamed Elnajem et des représentants des familles de Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari, journalistes tunisiens disparus en Libye depuis septembre 2014, accompagnaient la directrice du Bureau RSF Afrique du Nord, Yasmine Kacha, lors de cette conférence de presse.
Le sujet est grave. La liberté de la presse et de l’information, au niveau global, n’a jamais été aussi mauvaise depuis que RSF existe. La moyenne globale a chuté par rapport aux éditions précédentes, même dans les pays considérés vertueux.
L’Afrique du Nord, pour sa part, ne déroge pas à la règle, bien au contraire. Les quatre pays couverts par le bureau RSF de Tunis ont enregistré une dégradation dans le classement mondial de 2017.
Pour la première fois depuis 2002, RSF mentionne le Sahara occidental comme entité à part entière, puisque par le passé, l’on ne le distinguait pas du Maroc (133e). Ce dernier, et bien qu’il ait dépassé l’Algérie dans le classement, a tout de même enregistré un recul significatif, en raison de la répression que subissent les journalistes, spécialement étrangers, lors de la couverture de certains sujets sensibles tels que la monarchie, la religion ou l’intégrité territoriale. RSF qualifie même le Sahara Occidental de «région impossible à couvrir».
L’Algérie (134e) a poursuivi en 2017 sa chute dans le classement mondial de liberté de la presse, en reculant de 5 places par rapport à 2016. Passant pour la première fois derrière le Maroc (133e), l’Algérie est passée, dans le classement RSF, de la 119e à la 125e place depuis le printemps arabe de 2011, perdant ainsi 15 rangs en deux ans. En 2016, la dégradation de l’État des libertés dans l’expression sur internet s’est accélérée avec notamment de nouvelles arrestations de blogueurs et la poursuite de la détention du lanceur d’alerte Hassan Bouras.
La Tunisie (97e) reste le bon élève de la région. Malgré des difficultés liées notamment à l’autocensure et aux conflits d’intérêts au sein des médias eux-mêmes, ainsi qu’un recul d’une place au niveau du classement, la situation du journalisme en Tunisie reste convenable. Sa situation est à nuancer du fait que son modèle de liberté de la presse peine à se consolider à cause des conflits d’intérêts et de la montée de l’autocensure des professionnels du fait d’une précarisation des modèles économiques des médias.
Finalement, c’est le cas libyen qui est le plus problématique. Bien que la liberté de la presse, grand acquis de la transition de 2011-2012, ait été laminée par l’insécurité que connaît le métier dans ce pays (163e sur 180). «Les exactions contre les journalistes y demeurent impunies» et plus de 50 d’entre eux se sont exilés depuis 2011.
Le classement de cette année est dominé par la Norvège, alors que la Corée du Nord est reléguée, sans surprise, à la 180e et dernière place.
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