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Affaire BFT : Un scandale d’Etat

Des employés manifestent devant la banque… en quasi-faillite.

Dans l’affaire BFT, tous les gouvernements tunisiens successifs ont tout fait à l’envers. La sanction est lourde, à la mesure des errements…  

Par Radhi Meddeb *

La Tunisie vient d’être condamnée par le Centre international de règlement des différends en matière d’investissement (Cirdi), relevant du groupe de la Banque Mondiale, dans l’affaire de la Banque franco tunisienne (BFT).

La condamnation est lourde. Sans appel ! La Tunisie risque de passer à la caisse pour des montants considérables à un moment où les finances publiques sont au plus mal, où l’endettement s’emballe et le déficit est abyssal… On parle d’au moins un milliard de dinars sinon bien plus.

L’affaire est ancienne. Elle date de plus de trente ans. Elle consacre la connivence du pouvoir avec les affairistes mafieux. La BFT était l’outil de toutes les turpitudes: crédits sans garanties aux copains, abandons de créances massifs… On parle d’un passif de plus de 700 millions de dinars tunisiens (MDT).

L’Etat, mal conseillé par un ancien directeur général de la BFT mais aussi par une pléthore de conseils juridiques internationaux pour des dizaines de millions d’euros sur des dizaines d’années …, a usé et abusé de mauvaise gouvernance, d’intimidation, de recours abusif au pénal…

Depuis la révolution de 2011, pas un chef de gouvernement, pas un ministre des Finances, pas un chef de grand parti politique ne pourrait dire qu’il ne savait pas. J’ai eu l’occasion personnellement d’en parler à au moins 3 chefs de gouvernements et à autant de ministres des Finances.

Le site Nawaat a publié, il y a plus d’un an, tous les détails de ce scandale d’État. La catastrophe était annoncée depuis longtemps. Chacun passait la patate chaude au suivant…

L’investisseur étranger a constamment cherché un compromis, une côte mal taillée. Nos politiques ont systématiquement fait la sourde oreille, préférant appliquer une sentence de justice internationale aussi lourde soit-elle que de prendre le risque d’une quelconque initiative.

Est-ce ainsi que la responsabilité politique s’exerce?

* Pdg de Comete Engineering.

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